Louis-Ferdinand Céline, Guerre

Louis-Ferdinand Céline, Guerre

Céline : la mort, le sexe et la guerre

« On se perd partout », écrit Céline lui-même en cet inédit qui en annonce bien d’autres.
La Guerre, comme son nom l’indique, est au centre du livre au moment où son auteur est blessé va être soigné avant son départ à Londres.

Ces manuscrits n’avaient pas complètement disparu. Ils étaient connus même si Céline les avait abandonnés lors de sa fuite de France.
Ils ont été retrouvé en 2021 grâce à Jean-Pierre Thibaudat avec l’interdiction de les donner à sa veuve.

Le manuscrit de Guerre comprend 250 feuillets. Il modifie la chronologie de l’oeuvre. Il fut écrit un même temps que Mort à crédit.
Manquaient Guerre et Londres. Et cette première publication commence à combler ce vide.

Ici et avant son départ pour Londres, Céline reprend son récit au moment où il se réveille sur le champ de bataille et il raconte son séjour à l’hôpital mais – et avec le temps puisqu’il est écrit 20 ans après les faits – l’imaginaire reprend le pas sur le réel.
L’autobiographie s’y diffracte même si un fond de vérité se manifeste toujours. Celui qui dit avoir « attrapé la guerre dans sa tête » résume parfaitement par cette formule ce livre d’excès à tous les sens du terme. Le traumatisme est là. Celui qui a conditionné son existence par cette « mer grondante » qui le marqua à vie dans sa chair et son esprit.

Guerre, sexe et mort sont présents de manière fractale, non sans brutalité et humour ravageur. Mademoiselle Lespinasse l’infirmière et la femme (qu’il va retrouver à Londres) d’un souteneur – Angèle – sont omniprésentes et n’y vont pas de main morte. Et ce,  dans le grand style de l’auteur en ce manuscrit de premier jet.

Tout est rapide, rageur et drôle. Du premier coup Céline écrit un livre qu’il aurait sans doute retravaillé, mais la brutalité fait merveille. Et ce monument d’édition de Pascal Fouché est remarquable.
L’auteur une nouvelle fois y renaît.

jean-paul gavard-perret

Louis-Ferdinand Céline, Guerre, Édition de Pascal Fouché. Avant-propos de François Gibault, Gallimard, collection Blanche, mai 2022, 192 p. – 19,00 €.

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