Linda Tuloup, Brûlure

Linda Tuloup, Brûlure

Primitive du futur

« Il est difficile de dire où notre être s’achève » écrit Linda Tuloup. Du monde, il en va de même. Néanmoins, l’artiste le métamorphose en destruction et reconstruction par une de ses expériences devenue ce qu’elle pratique avec ses photographies : une traversée du feu.

Elle s’empare de ces points pour marquer d’étranges instants d’amour. Ils progressent vers la métempsychose de paysages, corps, forêts, scintillements à travers quelques détails de peintures anciennes selon un geste qui se répète avec ses photos de la nuit, « portraits de ce moment du noir, des paysages d’ombre, des royaumes de suie, d’encre, de bitume, je bouge un peu les photos dans ma main pour faire varier l’incidence de la lumière sur l’argent, je vois des halos et des éclats, des fesses éblouies, des bras de lait, des membres fantômes », dit-elle. C’est là voir et montrer aussi par le brûlage « tout pour ne pas dire ce que je vois, je veux garder cela, ne pas céder aux mots ».

Le soleil est remplacé, en nocturne, par des flammes où l’amour éclate en plages d’incisions de feu. Dès lors, Linda Tuloup, en retournant ses polaroids brûlés, révèle l’univers, des étoiles, galaxies, constellations, trous noirs, comètes, nébuleuses, éclats de lumières bleues. Le réel originaire se transmute là où la nudité même la femme crée une intimité qui la dépasse en produisant vertiges et énigmes. D’où la puissance d’une telle alchimie érotique.

jean-paul gavard-perret

Linda Tuloup, Brûlure, Texte de Colin Lemoine, André Frère Editons, mai 2024, 224 p. – 49,00 €.

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