Laurence Cossé, Le secret de Sybil
De l’amour ou Ce qui lui est dû
Laurence Cossé offre un livre sur l’intime : « De dix à quatorze ans, j’ai connu l’amour. Je ne le savais pas, j’aurais dit qu’il s’agissait d’amitié. J’ai fait le rapprochement bien plus tard, après m’être essayée à ce qu’il est convenu d’appeler amour : ce que j’avais connu à dix ans n’était pas d’une autre nature. À ceci près qu’il n’entrait dans la joie d’alors ni saisons ni brouillards, ce qui est rarement le cas entre adultes » écrit la narratrice.
Des années après, elle tente de comprendre ce qui les attachait l’une à l’autre et de comprendre qui était celle qui lui permit de vivre « un privilège, une grâce que je ne pensais pas en ces termes mais dont toutes les fibres de mon être étaient sûres. »
Mais le temps est passé. Le froid est venu. Et avec lui le retour pour savoir qui Sybil fut. Toutefois, la narratrice est contrainte à préserver un certain mystère puisqu’elle n’en tient que des arpents.
L’indiscrète discrète livre ce qui tient d’un mouvement premier mais fondateur. Preuve que l’auteur écrit « pour des raisons liturgiques » dit-elle. Mais cela ne tient pas que d’une célébration. « J’écris parce qu’un ciel admirable déroule sa cavalerie de coton sur nos têtes » et parce que Sybil s’approcha d’elle pour la révéler sans qu’elle le sache encore vraiment. Au nom de l’amour que seul cet âge fit ce qu’il fut.
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jean-paul gavard-perret
Laurence Cossé, Le secret de Sybil, Gallimard, collection Blanche, 2023, 144 p. – 14,00 e .