La Soie & le Canon, France-Chine (1700-1860)
Exposition à Nantes jusqu’au 7 novembre 2010
Grandissime exposition présentée à Nantes, au Musée d’histoire, jusqu’au 7 novembre 2010, que celle immortalisée dans cet album. Une fois encore, une fois toujours, comme l’a écrit Victor Hugo dans sa lettre du 25 novembre 1861, adressée au capitaine Butler, ce sont des voleurs et des voyous (anglais et français) qui se sont précipités en Chine, scellant l’infamie à jamais dans le sac du palais d’Eté, joyau de la culture et de l’esprit des Quing, en 1860.
Des intrus portés par la cupidité qui profanèrent un peuple et une culture plusieurs fois millénaire pour le seul appât du gain. La Compagnie des Indes orientales était un bon prétexte pour coloniser, instaurer et développer le trafic d’opium, permettre aux Jésuites de porter « la bonne parole » et aux militaires de maintenir les « têtes de pont » stratégiques et si humiliantes. On s’est très vite éloignée de l’attrait initial, de l’aventure et de la curiosité pour cette culture chinoise si raffinée…
Demeurent ces splendides objets, ces tableaux, ces photographies anciennes qui donnent à l’exposition – et au livre – par leur caractère inédit tout l’éclat qu’ils méritent ; mais n’enlève pas le petit goût amer…
Dire que tout avait « bien débuté » par une passion soudaine, en 1700, au retour de la frégate l’Amphitrite et sa cargaison qui en enchanta plus d’un, lançant la mode des chinoiseries dont tout le XVIIIe siècle témoigne. Puis le vent tourna… D’où l’importance politique de cette exposition qui s’inscrit dans un long processus de cicatrisation de ces blessures chassées des livres d’histoire mais qui, cent cinquante ans plus tard, continuent de saigner en Chine.
Ainsi, la pertinence des choix scientifiques et pédagogiques contenus dans cette exposition contribue à mieux connaître cette page de notre histoire commune, et ouvrira ainsi les portes à un avenir plus respectueux entre nos deux pays.
Articulé en trois parties qui s’accompagnent chacune de leur catalogue, ce très bel album couvre donc près de deux siècles de relations difficiles, se sont soldées par un bilan pour le moins limité. Comparé aux Britanniques, le secteur commercial est resté très faible d’autant que les investissements se sont plutôt portés vers l’Indochine. Les seules véritables empreintes françaises sont à rechercher dans le domaine de l’urbanisme (notamment dans la concession de Shanghai) et de l’enseignement (université Aurore de Shanghai fondée en 1903 par les Jésuites) qui a contribué à la formation des élites dans les milieux urbains.
la redaction
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Collectif, La Soie & le Canon, France-Chine (1700-1860), relié, 230×305, 170 illustrations couleurs, Gallimard/Musée d’Histoire de Nantes, juin 2010, 234 p. – 39,00 € |
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