La Dame aux camélias (Alexandre Dumas fils / Arthur Nauzyciel)
Un tableau précieux, non dénué d’esthétisme
Derrière un rideau rouge, on aperçoit dans la pénombre un cygne qui semble empêtré dans un entrelacs de branchages. Progressivement la lumière croit, les enlacements se meuvent ; les corps qui les constituent se détachent de l’énorme phallus qui les couronne. Une chorégraphie lente et précieuse se déploie tandis que la voix off lit le début du roman de Dumas, qui relate la vente des biens de Marguerite Gautier. Ainsi se trouve définie la structure du spectacle : on assiste à un ballet savamment déployé dans un écrin serti de voilages et de capitonnages.
L’histoire est présentée comme un conte édifiant : se raconte, avec une distance paradoxalement familière, le devenir malheureux d’un amour entre deux êtres que tout sépare, lui jeune, romantique, candide et passionné, elle au contraire mûre, consciente, calculatrice.
On assiste à la naissance, au déploiement difficile et à l’évanescence, suite à un acte d’abnégation, de cet amour impossible comme tous les véritables amours. La scénographie se déploie en trois plans : celui de la voix off, qui rapporte les faits et formule des analyses psychologiques. La passion authentique d’Armand Duval qui s’affronte aux bienséances, aux mœurs institutionnelles.
Un tableau précieux, qui relève le défi de la monstration du pathétique. L’exercice est savamment orchestré par Arthur Nauzyciel, qui présente une peinture non dénuée d’esthétisme. Certes un peu statique, la représentation trouve un relief dans la variation des locuteurs. C’est que les procédés de composition scénique, certes pertinents et incontestablement réussis, ne paraissent pas avoir été utilisés dans la totalité de leurs potentialités.
christophe giolito
La Dame aux camélias
D’après le roman et la pièce de théâtre
d’Alexandre Dumas fils
Mise en scène Arthur Nauzyciel
Avec Pierre Baux ; Océane Caïraty ; Pascal Cervo ; Guillaume Costanza ; Marie-Sophie Ferdane ; Mounir Margoum ; Joana Preiss ; Hedi Zada
Adaptation Valérie Mréjen, Arthur Nauzyciel, Pierre-Alain Giraud ; assistanat à la mise en scène Julien Derivaz ; scénographie Riccardo Hernandez ; lumière Scott Zielinski ; réalisation, image et montage film Pierre-Alain Giraud ; son Xavier Jacquot ; costumes José Lévy ; Chorégraphie Damien Jallet ; sculpture Alain Burkarth ; photographie Philippe Chancel ; assistante décor Claire Deliso ; assistant réalisation Aliocha Allard ; assistante costumes Marion Regnier ; régie générale Tugdual Trémel ; régie son Florent Dalmas, Vassili Bertrand ; régie lumière Christophe Delarue ; régie plateau Antoine Giraud Roger ; régie vidéo Stéphane Pougnand ; habillage Florence Messé.
Spectacle créé au Théâtre National de Bretagne (du 26 septembre au 5 octobre 2018)
Tournée : à Sceaux, Les Gémeaux Scène nationale du 11 au 21 octobre 2018 ; à La Comédie de Valence, CDN, les 28 et 29 novembre 2018 ; à la Comédie de Reims, CDN, les 4 et 5 décembre 2018 ; à La Comédie de Clermont-Ferrand, Scène nationale, du 11 au 13 décembre 2018 ; à Tarbes, Le Parvis, Scène nationale, les 16 et 17 janvier 2019 ; à Lyon, au Théâtre des Célestins, du 22 au 25 janvier 2019 ; au Théâtre National de Nice, CDN, les 30 janvier et 1er février 2019 ; au Théâtre Vidy-Lausanne (CH), du 13 au 15 mars 2019 ; à La Comédie de Caen, CDN, les 20 et 21 mars 2019 ; au Théâtre National de Strasbourg, du 28 mars au 4 avril 2019 ; sur la Nouvelle scène nationale de Cergy-Pontoise et du Val d’Oise, les 18 et 19 avril 2019 ; à Douai Arras, TANDEM, Scène nationale, les 10 et 11 mai 2019 ; à Marseille, La Criée, Théâtre National, les 17 et 18 mai 2019.
Durée: 2h45 sans entracte
Production : Théâtre National de Bretagne.
Coproduction : Les Gémeaux – Scène nationale de Sceaux ; Théâtre National de Strasbourg ; les Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Comédie de Reims ; Le Parvis scène nationale Tarbes Pyrénées.
Avec le soutien de l’ENSAD de Montpellier (FIPAM).
Remerciements : La sculpture présentée sur scène est inspirée de l’œuvre Rocking Machine d’Herman Makkink, avec l’aimable autorisation de Julia Blackburn.