Là-bas tue (Que peut la correspondance?)

Là-bas tue (Que peut la correspondance?)

(Que peut la correspondance ?)

Sa première rencontre me rendit soudain lyrique de la démangeaison (entre autres) de la plume. Ma passion devint bucolique tant l’arbre était chargé de fruits. J’ai aussitôt écrit l’« ardore » de ma félicité devant le tel objet et point de vue de cette poitrine. J’en pris le pli de l’en-crier afin d’avouer nos possibles rapports tactiles.
Penchants solitaires disparus, mes appétits ressassés furent exacerbés. De beaux jours revenaient. Ma ventripotence soumise de stagnation et rumination a maigri. J’envahissais mes missives de délices mystérieux biffant tout aveu janséniste.

Ravi, transi, sonné par une telle gorge je fus plus ridicule que sans pudeur. Stylistiquement et sensuellement, le premier tome de ma correspondance fut celui d’un paon plastronnant en caquetant de sa plume Sergent Major. Récipiendaire, ma divine beauté resta imperturbable, nue sous sa robe et l’esprit plus libre sans culotte. De mes lettres, elle ne lut que les mortes d’un voyeur banal et allumé. En tout état de cause, tel fut ce codicille : « on va se revoir ? ».

Au bout de quelques secondes elle quitta un cagibi ombreux. Exit mes lettres posthumes. Mais se dessinaient déjà les anthumes mémoires des cavaliers qu’on abat en châteaux brillants.

jean-paul gavard-perret

Photo Lina Scheynius

Laisser un commentaire