Gareth Brown, Le Livre des Portes
Une histoire implacable
Dans Kellner Books, une librairie du quartier de l’Upper East Side de New York, John Webber lit Le Comte de Monte-Cristo. C’est un habitué que Cassie Andrews connaît bien, avec qui elle échange souvent.
Au moment de fermer, elle va prévenir John. Il est mort sur sa chaise. Après le départ des secours, elle nettoie et trouve un petit volume à côté du Comte de Monte-Cristo. Curieuse, elle l’ouvre et lit sur la première page : « Ceci est le Livre des Portes. Tenez-le dans la main et n’importe quelle porte sera toutes les portes. » Dessous, elle trouve : « Cassie, ce livre est pour vous, un cadeau pour… »
La jeune femme va vite découvrir qu’il s’agit d’un livre magique qui permet de voyager partout où elle le souhaite. Avec Izzy, sa colocataire et meilleure amie, elle commence à explorer les possibilités offertes. Or, Le Livre des Portes peut déclencher des catastrophes s’il tombe dans de mauvaises mains. C’est la rencontre avec Drummond Fox, un bibliothécaire écossais qui va lui permettre de faire face aux dangers qui guettent les deux amies car, dans l’ombre, une mystérieuse femme veille avec d’obscurs desseins…
Le romancier propose une suite ininterrompue de péripéties vécues par une jeune héroïne qui va découvrir le monde dans un parcours initiatique. Elle se confronte à de belles émotions, des valeurs humanistes, des sentiments amicaux, mais aussi, à l’autre face de la médaille comme la haine, la cruauté, le crime.
Elle va devoir lutter contre la Femme, la porteuse du mal absolu, qui veut s’emparer de ce livre pour satisfaire sa volonté de puissance et de sauvagerie. Mais Fox, qui connaît l’univers des livres magiques – n’est-il pas en possession de dix-sept de ces volumes ? – va la guider pour éviter les pièges et le pire.
Il faut toujours un méchant et, en l’occurrence, le rôle a été confié à la Femme, une criminelle sadique qui traque ce livre depuis longtemps. Et elle est prête à toutes les vilénies pour l’obtenir.
De mon point de vue, je trouve dommage que ce rôle ait été confié à une femme, dépeinte pétrie de barbarie et de férocité, une criminelle sadique, sans pitié. Il y a suffisamment d’exemples masculins aujourd’hui qui auraient parfaitement convenir comme P…, T…, J…, N… etc. Grâce à la magie, le romancier se permet nombre de situations plus ou moins fantastiques, des voyages dans le temps, des rencontres improbables permises par ce genre littéraire.
Et les portes s’ouvrent, se referment, des protagonistes surprenants font leur apparition pour une plus ou moins longue durée avec les qualités et les défauts si présents dans la nature humaine. Il présente presque un catalogue complet de ces travers.
C’est aussi un livre qui fait voyager le lecteur, donnant envie de mettre les pas dans ceux de Cassie. Avec ce titre, l’auteur rend un bel hommage aux pouvoirs merveilleux des livres et des histoires. Mais le romancier installe aussi une intrigue très sophistiquée qui maintient le suspense et la tension jusqu’à une chute très réussie.
Avec une écriture alerte, un tempo tonique, des actions qui s’enchaînent sans temps morts, des moments d’émotions et d’autres beaucoup plus rudes, Gareth Brown signe un roman remarquable.
serge perraud
Gareth Brown, Le Livre des Portes (The Book of Doors), traduit de l’anglais (Écosse) par Julie Sibony, Sonatine, avril 2025, 592 p. – 24,90 €.