Farhad Ostovani, Le jardin d’Alioff
Farhad Ostovani est un peintre iranien. Il a quitté son pays pour Paris et l’occident. Son livre est un ensemble de textes de natures diverses mais structuré par le créateur lui-même afin de ponctuer son itinéraire. Existent des commentaires sur ses expositions et son travail que l’auteur met en écho avec d’autres arts. Les textes sont ni rigides, ni lacés et la question de la musique est souvent intégrée à des digressions qui n’on sont pas.
Mais sont présents aussi Yves Bonnefoy compagnon de « voyages » et la présence tout en pudeur du père et de la mère. Le désordre n’est qu’apparent et l’artiste ne cherche jamais à brouiller les pistes mais à les éclairer loin des jeux de vanité, de rivalité, de postures.
Chaque texte possède sa justification et une poétique des êtres et des lieux pour préciser la relation intime de désir et de contrainte qui ouvre l’œuvre à la richesse graphique et picturale qui ne peut se limiter à une étiquette. L’artiste n’a cessé de franchir des horizons brûlants et vacillants où se reconnaît l’être dans sa fragilité et ses interrogations.
Les textes les ponctuent dans cette remontée du temps. Farhad Ostovani rompt les ceintrages et partitions classiques. Existe là une insolence jamais tonitruante mais à l’inverse pleine d’une grâce de l’insurgé qui se déboîte de ses assises. Chaque texte devient un indice significatif d’ouvertures par l’audace d’une écriture simple, précise pleine d’émotion discrète.
L’art se dégage de sa coque. Le créateur impose donc une autre histoire aux histoires avec une autre fin que celle d’une peau de chagrin. Les blessures du réel ne demandent qu’à s’asseoir dans un besoin mélancolique de partager le chagrin du temps passé et de retrouver des reliques de la vie cachée.
jean-paul gavard-perret
Farhad Ostovani, Le jardin d’Alioff, trad. Paul Laborde & Alain Madelaeine-Perdrillat, préface de Jérôme Thélots, L’Atelier Contemporain, Strasbourg, 2018, 200 p. – 25,00 €.
