Eric Brogniet, Bloody Mary

Eric Brogniet, Bloody Mary

Film noir

Sous-titré « Road Movie pour Marilyn Monroe » et surligné superbement par l’artiste Thierry Wesel – qui avait déjà collaboré avec le poète dans Nos lèvres sont politiques – Bloody Mary dénonce la perversion du star-système hollywoodien qui alimente nos fantasmes d’un imaginaire pré-orienté afin de satisfaire nos attentes les plus coupables ou primaires et en tirer de juteux profits.
Et ce, à travers le destin de Marilyn Monroe –  elle-même jouet d’un système qui trouva en elle un vecteur idéal à son marché de dupe. Brogniet reprend l’existence de l’artiste sans se soucier de la chronologie et pour créer un chant tragique en l’honneur de l’actrice prise dans une atroce solitude au milieu des strass et des mises en scène non seulement de ses films mais de sa vie.

Les dessins « abstraits » (en partie) de Wesel qui rappellent le cinéma et Hollywood ponctuent une descente aux enfers programmée. Celle qui n’existait que « par le regard des autres » s‘est vue « scarifiée » par ce qui était concocté pour l’embellir. Aucun espoir pour l’actrice comme pour ces victimes consentantes, nul « paratonnerre aux stupéfiés ».
Tout est dit avec force et puissance loin de tout aspect anecdotique. Reste sous les spotlights, les « lacs d’ombre » où nous nous baignons et où, finalement, Marilyn s’est noyée.

jean-paul gavard-perret

Eric Brogniet, Bloody Mary, Le Taillis Pré, Châtelineau (Belgique), 2019, 100 p. – 14,00 €.

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