Christophe Ono-dit-Biot, Croire au merveilleux
Ici et ailleurs, demain et aujourd’hui
Croire au merveilleux ne mérite ni les louanges délirantes opérées par certains critiques, ni non plus les volées de bois vert que d’autres lui concoctent sans doute pour régler quelques comptes personnels. Ono-dit-Biot est en effet quelqu’un qu’on flatte lorsqu’on est de ses amis et qu’on jette aux orties lorsqu’on ne fait pas partie de son cercle.
Son livre reste dans la parfaite moyenne de la fiction française contemporaine. Le style se veut vif : il l’est souvent. Ce qui donne une certaine alacrité à l’histoire de ce semblable de l’auteur sauvé par le biais – à la fois mythologique et charnel – d’une jeune étudiante grecque. Comme Antonioni, l’auteur fatigué que « Tout soit couleur dans le monde moderne », prend le parti sinon d’un noir et blanc littéraire du moins d’une vision aux couleurs cassées là où parfois ne circule la nostalgie que pour toucher plus profondément ce qui y circule.
Le roman ressemble à un carnet de route (parfois hybride). Ono-dit-Biot y capture des moments avec maîtrise et fluidité. Les narrations ou les évocation géographiques et biographiques soulignent la solitude et créent une sidération parfois de l’immensité du paysage, parfois de l’intime. Le corps reste pudiquement « anonyme » mais garde ses pleins pouvoirs. Il est saisi dans une sorte de chaleur distanciée. Pas d’effusion mais – dans le mouvement ou la fixité – l’émotion demeure toute en sobriété.
L’ensemble devient une affaire de peaux limites : celle du corps, des choses, du paysage. Entre le proche et l’étrange émanent une hantise de l’air, sa diaphanéité, sa poussière.
jean-paul gavard-perret
Christophe Ono-dit-Biot, Croire au merveilleux, Gallimard, Paris, 2017, 240 p. – 20,00 €.