Céline du Chéné & Cécile Hug, Blason du corps
Cécile Hug par ses répétitions, variations et litotes subtiles dégage la représentation du corps de toute vision totalisatrice. Ses dessins, moulages et photographies « disent » ou évoquent la pointe d’un sein, le sexe, la bouche, l’aisselle, l’oreille entre réalisme et allégorie. Céline du Chéné définit parfaitement de tels « petits territoires de sensualité» : « Le monde de Cécile Hug s’apparente à une carte du Tendre. Là où les amants du XVIIe siècle arpentaient les chemins de l’amour l’artiste dresse sa cartographie amoureuse ».
Elle a raison. L’œuvre s’apparente à une sorte de « Visitation ». Le fragment crée une belle autorité d’altération ironique ou voluptueuse et une puissance énigmatique en sortant du corps des « exceptions ». Elles deviennent des lois sui generis et à leur manière éliminent les règles antérieures de la représentation. Le travail tient d’une reconstruction « élémentaire » par les parcelles de réalité exhaussée qui est la leur.
Cécile Hug crée en relief ou en à-plat des blasons reformulés pour nourrir l’imaginaire. Ils désenclavent l’œuvre entière de tout risque d’impasse. Se découvre alors chez la créatrice l’affirmation d’une exception à la règle commune. La passion pour le dessin, la photographie, le moulage permet de représenter un inconnu de l’être en montrant sa réalité par de telles figurations particulières. La réalité psychologisante s’efface au profit d’une symbolique d’un nouveau genre et d’une paradoxale « choséité ».
jean-paul gavard-perret
Céline du Chéné & Cécile Hug, Blason du corps, Litterature Mineure, Rouen, 2017 – 8,00 €.

One thought on “Céline du Chéné & Cécile Hug, Blason du corps”