Aurore Claverie, Livre
Pour Aurore Claverie, l’image est un miroir mais pas forcément du réalisme au sein même de la figuration. Sa paramnésie ne fait que rendre sensible cette évidence : il y a un souvenir du présent accolé à un acte recréateur. L’image dédouble en permanence la perception sans pour autant jouer d’effets superfétatoires. L’humain disparu (même si des chaises ou une plage l’appellent), surgit une actualisation étrange du possible en des images optiques qui semblent quasiment un chant du silence au sein de leur cristal temporel.
En de telles images présences, la narration, en excluant des personnages incarnés, permet de suggérer la coexistence de récits contradictoires laissés au libre imaginaire du regardeur là où l’existence spectrale crée une indiscernabilité par un sas de passage vers l’immersion. Le souci d’édulcoration se construit sur le métaphorique et la littéralité dans la recherche d’un paradis perdu.
Néanmoins, l’être n’y a plus sa place là où la photographie soude l’invisible au visible, l’évidence au secret habillés de forces poétiques. Le paysage devient moins écrin que sujet dans la diaphanéité et de subtils halos au bord de l’extinction. Au bord aussi d’une renaissance.
jean-paul gavard-perret
Aurore Claverie, Livre, Littérature Mineure éditions, Rouen, 2016 – 8,00 €.
