Alain Damasio, Les furtifs

Alain Damasio, Les furtifs

Entrer dans un livre comme dans une armurerie

Alain Damasio n’ignore pas les « pensums maudits » (Baudelaire) et le prouve une nouvelle fois. Son ode explore les angles morts de la société dans ce qui tient d’un pamphlet. Cette dystopie de 700 pages nous promet le pire dans des villes privatisées et régulées de Paris à Cannes où chacun circule avec divers passes dès 2041. Il reste néanmoins des « furtifs » insurrectionnels qui tentent de sauver ce qui peut l’être (dont le fils d’un couple).
Véritable écrivain reconnu déjà dans La horde du contre-vent  et, au tout début par La zone du Dehors (CyLibris, 2001) dans une sorte de S-F politique, Damasio poursuit sa route non  parfois avec une sorte d’auto-complaisance envers sa propre faconde lorsqu’il suit, entre autres, son équipée sauvage de nouveaux « SOS fantômes ».  Mais ce n’est qu’un détail.
Le libertalisme est là non sans charme et parfois incohérence dans une invention typographique qui, visuellement, est des plus réussies.

Et si  le texte est parfois  trop long et verbeux pour explorer de « techno cocons », l’idée est astucieuse même si tout bascule lorsque la dystopie veut passer à une sorte d’utopie de la régression. Mais le jeu  des divers temps de narration reste subtile.
Cette littérature S.F saisissante  montre le stade ultime de l’aliénation. Elle se révèle  avec une puissance littéraire et poétique des plus originales,  teste jusqu’à notre puissance de lecture et nous fait « entrer dans un livre comme dans une armurerie » (Deleuze, par l’auteur dans son texte).

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jean-paul gavard-perret

Alain Damasio, Les furtifs, Editions La Volte, 2019.

2 réflexions sur « Alain Damasio, Les furtifs  »

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