Aki Kuroda, Sidéral Blue (exposition)

Aki Kuroda, Sidéral Blue (exposition)

Le bleu d’un ciel

Chez Aki Kuroda, l’image est là pour à la fois – et comme il le dit – « présager» le monde mais aussi le « dissembler». La sidération des images par leurs pans de bleu intense ou leurs jeux de lettres en noir et blanc condense et transpose des effets de vision dans un autre champ de perception intellectuelle mais sensorielle.
L’hallucination provoquée par le « songe » trouve donc une conversion par effet de surface. L’image picturale n’est jamais équivalence, elle n’est pas un portant visuel des mots mais leur point de capiton, leur noeud parfait qui n’a pas besoin de corde et qui ne peut être défait.

De tels corpus grands formats sont favorisés par la manière dont Yoyo Maeght – en symbiose avec l’artiste – a conçu la monstration d’un travail qui reste un acte de rébellion et d’exorcisme. Il frappe par la violence comme par la subtilité du traitement des formes et leurs chorégraphies. La peinture de Kuroda nous regarde au plus profond.
Certes, pas plus que dans le rêve nous n’en connaîtrons les tenants et les aboutissements ultimes mais, tandis que nous échouons à tirer les images oniriques de la masse d’oubli qu’est le sommeil, nous sentons que les images de Kuroda trament notre propre chaos livré à l’énigme de telles images célibataires.

Au rêveur endormi fait place un combat contre l’ombre. Surgit ce qui n’est pas le trophée de l’imaginaire mais un renouvellement du bleu et des formes d’où jaillit la « choséïté » (Beckett) de la peinture : à savoir sa réalité plus forte que le réel.

jean-paul gavard-perret

Aki Kuroda,  Sidéral Blue, Centre d’Art Contemporain Bouvet-Ladubay, 49400 Saumur – Saint Hilaire St Florent puis Aquarium de Paris en septembre 2018.

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