Adeline Miermont-Giustinati, Sumballein

Adeline Miermont-Giustinati, Sumballein

Cosmographie

« Tout ça est une histoire de passage. Et de transformation. Pas de transformation sans passage. Passage à vide ? Essentiellement. Et avant tout. Pas de transformation sans passage et sans vide. » écrit Adeline Miermont-Giustinani. Pour écrire ce trou, les concepts sont peu opérants. Il faut du plus organique et être attentif au cabinet de curiosité qu’est le monde dans sa traversée des temps. Pour rendre un tel tracé, il faut du noir sur blanc, d’où ce « pictura loquens », cette énonciation au nom des deux « soeurs » (la peinture est une «  poésie muette » et la poésie une «  peinture parlante ) afin que germinent des possibles. Car cela ne se fait pas tout seul.
La poétesse inscrit son livre à la recherche de la « fissure » ou de l’interstice par où tout passe – micro et macrocosmique. C’est de fait une histoire d’amour et de peau en pays inconnu impudique, érotique plutôt que du territoire du sacré et de l’âme. Car tout est histoire de cavité. Celle qui aspire, avale afin que la création soit. Néanmoins, le corps n’est plus une coquille : il est conque – ce qui est bien différent.

Il ne s’agit pas de s’y protéger mais d’y faire bouillir le brouet cosmique afin que la vie soit. Le poème rend intense sa présence. L’être y est tout en n’y étant pas. Chacun n’est que passage et va et vient. Le poème se veut donc non ce qui est mais ce qui se modèle. Il est donc question de commencements au non de « fonctions vitales » en lieu et place d’un travail d’introspection.
A la merci de l’autre, la vie avance par érection des mots. Ils gonflent en se frottant à la peau du tiers dans cet espace qui bâille pour ouvrir le passage à l’existence aux milieux de l’histoire à reprendre. Lorsque le calice s’ouvre au petit soleil de novembre ou quel que soit le temps.

jean-paul gavard-perret

Adeline Miermont-Giustinati, Sumballein, Tarmac, Nancy, 2018, 136 p.- 15,00 €.

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