De cendres et de braises, ce livre — premier recueil écrit par a hongroise Léa Nagy lorsqu’elle n’avait que 15 ans — amorce tout un mouvement d”ensemble. Dans le désir du seul perce un appel.
La femme divisée fait autant la jonction entre un Saint Jean de la Croix et un Baudelaire. Comme eux, elle ne peut parler de misère sans y joindre la miséricorde mais dégagée du moindre pathos. C’est ce qui fait la profonde humanité de son approche.
A ce moment de sa vie, la créatrice se sentait exilée en elle-même mais sa poésie devenait déjà une sorte de cosmologie particulière.
Si bien qu’en fait le désir du seul peut être entendu comme le désir de l’infini réalisé sous une modalité temporelle, parfois sous l’abîme de nuit tendu de pourpre et parfois dans l’océan d’astres ou de poussières, en un voile jeté par-dessus la fosse de l’absence que la poétesse finira par combler.
jean-paul gavard-perret
Léa Nagy, Turbulences, trad. du hongrois par Daniel Bary, Editions du Cygne, 2023, 108 p.- 12,00 €.