Le Paris des Merveilles ouvre la porte à un monde où le fantastique côtoie le polar, où les univers s’entrecroisent, où les races les plus improbables cohabitent… plus ou moins bien. Parmi les Terriens, ce sont les Russes qui posent des problèmes aux habitants du Paris des Merveilles. Mais de sombres visées sont ourdies depuis l’autre univers où se trouvent des êtres dont les motivations restent bien proches de celles d’humains. C’est aussi le goût du pouvoir, de la conquête. Ah ! Régner sur un empire quoi de plus beau, de plus jubilatoire ! Il faut avoir bien peu d’humanité pour de telles ambitions.
En 1909, à Paris, Louis Denizard Hippolyte Griffont, un mage, enquête sur un trafic d’objets enchantés. Ses investigations l’amènent à approcher un secret d’État qui implique l’OutreMonde et la Reine Noire. Il se retrouve en grand danger.
C’est dans son lit que Louis se réveille après son agression par des gargouilles. Il découvre la baronne Isabel de Saint-Gil à la porte de sa chambre. Elle a investi les lieux avec ses deux domestiques, se faisant passer pour son épouse auprès du majordome. Alors que Louis se lance, avec elle, à la recherche d’un autre exemplaire des chroniques qu’il avait rapportées pour son amie Cécile de Brescieux, la police le convoque. Il est entendu pour le massacre de la rue de Lisbonne, demeure d’Isabel.
Celle-ci décide d’aller à la pêche aux renseignements dans cette clinique où s’est rendue Cécile. Peu à peu, elle et Louis approchent les desseins de la Reine Noire, une approche qui va leur valoir…
L’adaptation des romans de Pierre Pevel est l’œuvre d’Étienne Willem qui propose une histoire adroite où évoluent des personnages singuliers que l’on apprécie de retrouver. Les dialogues sont de la responsabilité du romancier. Si Louis semble une figure centrale, il se fait souvent voler la vedette par la baronne Isabel dont l’habileté est enthousiasmante. De plus son caractère primesautier emporte l’adhésion.
L’intrigue entraîne les lecteurs dans une suite échevelée de péripéties, de rebondissements et de coups de théâtre, passant du trafic d’objets magiques au complot d’État, le tout rehaussé d’enlèvement, de cambriolages, d’attaques musclées, de meurtres. L’humour est de mise qui temporise les actions toniques.
Étienne Willem assure également le dessin, confiant à Tanja Wenisch la mission de donner de l’éclat à ses illustrations. Si les traits élégants donnent vie à des personnages agréables, même s’ils sont du mauvais côté de la morale, ils soulignent de magnifiques décors. Chaque vignette est réalisée avec un beau souci du détail, heureusement mise en couleurs.
Un diptyque très agréable à parcourir pour la qualité du récit, le ton de celui-ci, les personnages attachants et sa superbe mise en images.
serge perraud
Étienne Willem (scénario d’après les romans de Pierre Pevel, dessins), Pierre Pevel (dialogues) & Tanja Wenisch (couleurs), Le Paris des Merveilles — t.02 : Les Enchantements d’Ambremer 2/2, Bamboo, label “Drakoo”, novembre 2023, 56 p. — 14,90 €.