D’essais cérébraux de potes en ciel
Tous les reliefs du silence se creusent dans la nouvelle expérimentation de Jaffeux. Des réponses aux chaos s’y projettent mais non sans un certain K.O.. En effet, surprendre des mots attentifs à une possibilité de phrase devient aléatoire comme si cela échappait au cercle de notre conscience.
Fantomatique en ce nouveau lettrisme, la position de catalyse du logos en prend pour son grade tant elle se dégrade. Cela mène à la dérive plus qu’au recouvrement. La poésie redevient de la sorte une des activités des plus excitantes expérimentales, impressionniste, expressionniste qui soient. Elle assemble autant qu’elle défait.
C’est aussi une nouvelle façon de penser le monde qui nous entoure, dans laquelle le plus petit moment peut devenir une source d’inspiration immense à condition d’y prêter attention.
A la charnière du texte et de l’image, la poésie renouvelle en conséquence son espace là où l’apparente absurdité de façade rompt avec les abstractions de l’histoire d’un sens. Il se débat ici comme il peut entre ses marges et des espaces que Jaffeux ménage pour intensifier sa conception d’un certain vide.
Ses phrases se jettent dans le salut d’une chute mais où en même temps des interruptions aléatoires disloquent la figure d’un ordre. Celui ci en tant que moule à gaufres est banni là où le barbarisme ancre le doute nécessaire à qui estime que la poésie est musique avant toute chose. Ce qui est à proprement parler du pipeau.
jean-paul gavard-perret
Philippe Jaffeux, Eveils, Editions Jannink, novembre 2023, Non paginé, 18,00 € .