Nathalie Quintane aime nous frictionner au gant de crin des cauchemars comme aux onguents des rêves. La narratrice et son amie nous projettent avec drôlerie dans l’Histoire et une forme d’espace météorologique. Paris en est le fond de tarte. S’y découvre des espaces inattendus, palais de l’Elysée compris avec ses sbires, pièces et son jardin.
La politique se délite en slogans et ce qui se nomme désormais éléments de langage et qui jadis s’intitulait langue de bois. Un ministre fait payer le prix du mépris qu’il accorde aux héroïnes comme aux lectrices et lecteurs.
Tout néanmoins tente de se tenir plus ou moins droit afin que tout reste en place. Mais c’est ainsi que Nathalie Quintane fait froid dans le dos. Car ceux qui gouvernent jouissent d’une liberté que les espaces du pouvoir accordent.
Dans ce “beau” chaos, la narratrice fait sa roue en toute lucidité pour nous donner encore plus la trouille. Par la fiction politique surgit un monde aussi inconnu que, après tout, banal mais avec le secret espoir de pratiquer un certain vide — histoire de remettre bien des choses à la place en une sorte de farce.
Reste à savoir où dans cet espace le lecteur peut prendre sa place en une telle échappée. Dire qu’elle est belle serait exagérée mais existe là une paradoxale leçon de liberté qui au besoin ose l’illégalité — toute relative bien sûr eu égard à ceux qui sont dans leurs châteaux plus qu’enclins à nous piéger.
jean-paul gavard-perret
Nathalie Quintane, Tout va bien se passer, P.O.L, octobre 2023, 224 p. — 18,00 €.