La représentation est sobre mais n’évite pas les longueurs
Le spectacle ne signale pas son commencement : Hyppolite s’installe après avoir déambulé en fond de scène. Une atmosphère intimiste d’emblée est établie dans un espace pourtant vaste. La scène est organisée comme un corridor entre les gradins : d’un côté, la légèreté d’un voile, de l’autre, celui de Phèdre, la pesanteur d’un roc. Ce décor rudimentaire ne change pas, ne donnant lieu qu’à de légères variations. Jean-Louis Martinelli a cherché manifestement à élaborer une épure ; ce faisant, il laisse les acteurs porter seuls leur texte dans le plus grand dénuement. Si Anne Suarez s’acquitte avec brio de sa tâche d’incarner l’héroïne, Hammou Graïa ne parvient pas à tenir la hauteur de son personnage Thésée (du moins le 9 novembre).
Une mise en scène subtile, toute en nuances : peu de gestuelle, pas de musique. Le propos tient de la déclamation mesurée, presque figée. L’ensemble est présenté sous l’aspect d’une solennité toute naturelle. Si la représentation est sobre, bien sentie, elle n’évite pas les longueurs, tant la mise à distance confine parfois à la transparence de la scénographie. L’intention est noble, mais l’intervention est effacée à l’excès ; il n’est pas sûr que le propos du texte soit exhibé dans le paroxysme qu’il prétend atteindre, en dépit d’une détonation ordalique qui vient à terme donner une profondeur à la représentation. Dans sa discrète exploration de Racine, le directeur des Amandiers se montre aujourd’hui moins heureux que dans son Britannicus, repris cette saison.
christophe giolito
Phèdre
de Jean Racine
mise en scène Jean-Louis Martinelli
© Pascal Victor
Avec
Ismène Delphine Cogniard
Thésée Hammou Graïa
Hippolyte Mounir Margoum
OEnone Sylvie Milhaud
Aricie Sophie Rodrigues
Phèdre Anne Suarez
Panope Gaëlle Voukissa
Théramène Abbès Zahmani
Scénographie Gilles Taschet ; Lumière Jean-Marc Skatchko ; Costumes Catherine Leterrier et Sarah Leterrier ; Coiffures, maquillages Françoise Chaumayrac ; Assistante à la mise en scène Amélie Wendling.
Au Théâtre Nanterre-Amandiers
7, avenue Pablo-Picasso
92022 Nanterre
http://www.nanterre-amandiers.com/2013–2014/phedre/
location : 01 46 14 70 00
Du 8 novembre au 20 décembre 2013, salle transformable
du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h30 (relâche lundi)
Les jeudis à 19h30
Production : Théâtre Nanterre-Amandiers
Le texte Phèdre est publié aux éditions Gallimard, collection La Pléiade.
Durée estimée: 2h10
L’intervention est effacée à l’excès dites vous : en effet le parti pris de la mise en scène (?) ne devrait pas empêcher les spectateurs (côté Phèdre) de ne pas entendre ce qui se passe du côté d’Hyppolite ou alors un travail sur la diction devrait être envisagé.
Par ailleurs Thésée, prête à rire parfois : est ce l’effet recherché ? son torse bedonnant, sa diction et intonations sont ils volontaires ?
J’ai été déçue par cette représentation (22 nov), même si Phèdre s’efforce de relever en peu l’ensemble !
Si Monsieur Martinelli ne peut pas honorer cette pièce qui le peut ?