Toute chose mentale possède un arrière-pays qui se perd dans les ténèbres. L’écriture cherche à remonter cette présence au noir — non là-bas mais en-deçà, du côté de l’origine insaisissable. Et ce, pour tenter au moins de voir son ombre se dessiner, s’avancer ou se perdre.
Mais est-ce bien une ombre ? Ne serait-ce pas son double d’éros mutique ? La langue veut le faire parler sur la surface vide et blanche qui s’entrouvrirait enfin vers le paradis ou l’enfer, à une révélation ou une destruction — les deux restant inséparables même sans toutefois faire bon ménage.
Même si le corps est nu, le visage reste masqué. Qu’il apparaisse, ce serait en quelque sorte vider ses poches dilatées en un torrent spatial dans cette perdition devenue le plaisir qu’est l’écriture de l’oubli de soi.
Par défaut, elle se dit en récits où ce n’est pas l’être mais la langue qui avance en sornettes hérétiques. Elles n’érigent plus de bas en haut notre cerveau. Mais l’inverse et en rares moments de grâce.
jean-paul gavard-perret
Dessin humoristique de Livio Grasso