Quand le tonnerre gronde au théâtre, c’est qu’une plaque de tôle se met à vibrer. Et lorsque les roseaux chantent sur le lac du Bourget, il ne s’agit pas seulement de leurs flûtes. S’y fait beaucoup de bruit pour rien, estimerait Shakespeare et il faut des lumières pour qu’en de tels lieux, comme ailleurs d’ailleurs, nous devenions souffleur de notre propre rôle.Même si souvent nous avons besoin du livre ouvert pour retrouver une parole — ricine et vitriol plus que polonium — en allant parfois jusqu’à suer des roubignoles. Tout semble sortir de la cervelle d’un prédateur qui déteste chasser mais qui salive pour une chatte à manger crue en lieu et place de lézards ou d’oiseaux — les uns noirs, les autres plus verts qu’un glaviot.
Cela fait de bons morceaux et pour les préparer nul besoin de chinois, tamis ou blutoir. Sous les petites fleurs de leurs foulards, les jeunes premières ou ingénues et leurs pommes à moitié mordues, jetées du décor par une fenêtre dérobée, se disent les unes les autres à l’oreille : “Nous ne sortirons plus” en guise de berceuse ou de choeur antique.
Nul n’est censé les croire et après avoir croqué leur fruit il y a fort à parier que leurs mains pourraient très vite toucher à des lunes rousses et musclées bien avant que la nuit tombe. Leurs dénégations n’émouvront même pas les moineaux de la forêt des songes. Elles se poseront ensuite comme des compresse sur le buste de bien des princes charmants et de jeunes premiers qui dénoueront leurs nattes tout en s’activant.
Voile enlevé et sous des paillettes, leur corps se transformera tandis qu’elles savoureront un second dessert.
Rideau !
jean-paul gavard-perret