Le corps dans ce livre est central. Il permet l’expulsion d’une matière organique — dont le langage. Existe d’ailleurs en lui comme dans celui l’auteure de ce livre largement autobiographique un écart et une distinction entre Emma S. et Emma Santos.
Celui qui implosait de l’intérieur peut soudain exploser, preuve qu’il existe un écart entre la folie “S.” et ce que recouvre ce mot générique.
Certes, l’auteure ne peut “l’imaginer que femme, énorme, gonflée par les médicaments.” mais elle devient cops émetteur de ce qui est. Et de ce fait, se met à mal cette maladie de la folie qui chez la femme est souvent la résultante d’une vie castrée, interdite au langage et à la liberté.
Ce livre inscrit en conséquence le passage du corps contenant à un corps expulseur, là où s’inscrit une (re)naissance face à celle qui avait jusque là avorté.
jean-paul gavard-perret
Emma Santos, J’ai tué Emma S., Editions des Femmes — Antoinette Fouque, Paris, 2023, 128 p. — 6,50 €.
Qui n’a pas lu en 1976 ” J’ai tué Emma Santos ” ne peut pas comprendre l’édition 2023 .