Odile Cohen-Abbas n’hésite pas à se placer– et nous avec — jusque dans les orbites de faces proscrites.
Mais c’est aussi pour montrer leurs éclats de quartz que créent les portraits les plus étranges, comme celui qui ouvre le livre : le “Bouffon” anonyme en huile sur bois au Musée de Beaux Arts de Chambéry.
L’auteure propose ainsi une histoire du visage et de la représentation mais avec une astuce : sa docte science passe par une écriture poétique qui crée un treillage particulier des savoirs.
C’est aussi ambitieux que réussi et il n’est pas jusqu’au parfum de fin de monde de certains histrions de retrouver une saveur. Et ce, dans un jeu subtile de réitérations qui font de ce livre en entretien infini sans qu’il nous tienne la jambe : l’alacrité est omniprésente là où pourtant le propos a priori n’a rien d’une promenade de santé.
Mais l’experte se fait gaie luronne. Et même sa quatrrième de couvertutre de cacher ce qu’on ne saura voir qu’en dévorant son livre comme certains guerriers dévorent des boeufs là où le corps, ses puanteurs et ses nuits ne sont jamais omis.
Histoire de redonner par la poésie à la peinture son heaume sweet heaume.
jean-paul gavard-perret
Odile Cohen-Abbas, La face proscrite, Les Hommes sans Epaules éditions, 2023, 108 p.- 12, 00 €.