Publié en 1894, ce texte est celui d’un André Suarès encore jeune. Le verbe est déjà de feu :“La violence est l’arme de ceux qui n’en ont point. Et le mensonge l’arme de ceux qui ont toutes les autres. Voilà donc les épées ternies que tiennent en duel les puissants et les misérables.“
Et d’ajouter plus loin : “Où le juste n’est pas, se fait la nuit”.
Et c’est la condamnation à mort de l’anarchiste Auguste Vaillant qui est à l’origine de cet essai sur la loi des hommes, fruit pourri d’un système qui se mord la queue. La prose est ici prose incarnée et furieuse pour s’élever contre une société fondée sur la violence et le conflit, leurs éclairs noirs éclairs et leurs répugnantes lumières.
Cela, pour ouvrir nos “âmes de ténèbres” où, dit Suarès, “bientôt vous ne vous entendrez plus vous-mêmes.”
jean-paul gavard-perret
André Suarès, Lettre sur les anarchistes, Illustrations de Philippe Hélénon, Fata Morgana, Fontfroide le haut, 2023, 48 p. — 13,00 €.