Alain Roussel, Arachné

La lettre d’amour qui ne s’écrit pas et qui s’écrit trop

Ecrit en 1979 et repris en 2022 — preuve qu’il existe des inva­riants dans une vie -, ce livre sans ponc­tua­tion habite encore le corps d’une femme. Il en devient à sa manière la sub­stance d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
Et le texte l’incite à s’y pous­ser dans un même mouvement.

C’est comme si l’écrivain n’existait que pour l’amour afin de vivre à deux dans l’essentielle migra­tion. Il faut conti­nuer. Entre éloi­gne­ment, trop d’éloignement sans doute, et une proxi­mité aussi. Sur­tout.
Rous­sel en est tou­jours à savou­rer jusque dans l’écart sa substance.

Les fils arach­néens de la femme le retiennent au réel. Ses lumières lui reviennent. Dou­ceur rien que dou­ceur. L’auteur boit son visage, son âme, son sexe. Il est en elle, en deux. C’est tout ce qu’il peut dire.
Mais toute l’histoire est là. Une his­toire de visage, de jar­din, de ciel. Où la mai­son n’est rien. Elle n’est que de passage.

Quelques grains de pol­len dorent les doigts. Déjà les gris gom­més fuient à l’horizon, les brumes s’évaporent où paraissent les cou­leurs tendres du matin. L’auteur s’éveille enfin mais n’oublie pas.
Là où attendre est inutile. Tout arrive. Avec le besoin de glis­ser dans la toile qui est aussi miroir.

L’amour est magné­tique devant cette avan­cée sous le ciel du lit. Il suf­fit de pen­cher la tête pour qu’il se peuple de flo­cons légers. Comme l’eau sous un souffle.
Sou­dain un “toi” se recom­pose. Les pay­sages défilent à nou­veau. Des jeux d’ombres naissent deux vies. Une pluie douce console et avive les flux d’émotions.

Cette femme, Rous­sel l’a rêvée et à force elle existe.
Elle voit en lui et lui en elle. Dans la toile ils se glissent.

jean-paul gavard-perret

Alain Rous­sel, Arachné, Les Lieux-Dits, coll. Cahiers du Loup Bleu 2022, 38 p. — 7,00 €.

1 Comment

Filed under Poésie

One Response to Alain Roussel, Arachné

  1. Villeneuve

    Arachné pour le meilleur . En 2022 JPGP découvre com­bien à deux tout n’est que dou­ceur et sa belle cri­tique poé­tique du mini livre d ‘Alain Rous­sel roman­tique rejoint le souffle d’amour de son âme soeur .

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