Toute la sensualité du monde
Pour Deborah Stein, même la mer est une amante. Et la plasticienne réussit dans son premier livre à noyer le regard du lecteur-voyeur en le pliant dans le courant des sensualités à mesure que son récit onirique avance au sein de diverses métamorphoses.
La figuration est autant sous la surface que dessus. La visibilité est à l’état liquide au moment où l’image par immersion se tord et prend un caractère ludique et féérique et érotique : le charme prend de nouveaux arcs à travers un parcours initiatique où les énergies à la fois se concentrent et se dissolvent.
L’auteure a beau faire : les sensations remontent et d’une certaine manière effacent la pensée par immersion dans une voix de mémoire envahie par diverses vues et visions. D’où cette suite de voyages, de déplacements en cadrages serrés ou décalés. L’artiste écrivaine crée presque naturellement une scénographie érotique subtile en un tel mouvement.
Connaissant — et pour cause — les femmes de l’intérieur, Debora Stein donne de leur sexualité une image différente de celle qu’attendent les hommes comme de ce que proposent les artistes mâles. La femme n’est plus oiseau mais poisson qui transforme les larmes en mer. Il ne s’agit pas d’y gémir mais d’y vivre en un limon fertile dans les éclaboussures de lumière.
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jean-paul gavard-perret
Debora Stein, Anatomie d’une larme, Editions Douro, Paris, 2022, 110 p. — 18,00 €.
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