Entre effacement et présence
Christine Valcke et Jacques Mataly savent ce que re-présenter veut dire. Ils répondent à l’injonction de Beckett lorsqu’il écrit à propos des peintres du réel dans Le Monde et le Pantalon : “qu’ils ne nous emmerdent pas avec leurs histoires d’objectivité”.
Ce que Christine Valcke énonce à sa manière : “L’art est une passerelle vers une autre dimension du monde, une réflexion intérieure qui cherche à donner forme à ce que nous percevons de la réalité”.
Cela entraine une forme de perdre-voir d’un genre particulier. Evocations, paysages, etc., pour signifier, doivent passer par le langage de l’encre ou de la matière dans un mouvement incessant de retour à soi — Christine Valcke évoque fort justement un “processus d’écoute et de réceptivité” — pour restituer l’extérieur afin qu’il devienne chez le spectateur une expérience pour son regard.
Jacques Mataly décrit lui-même sa quête et sa traque comme “une invitation à voir l’impossible, à promener son regard au bord du globe terrestre, c’est une ligne de flottaison de l’imaginaire.“
Il se donne comme obligation de saisir l’impossible, l’intangible, l’évanescence.
Si bien que peindre pour l’une, photographier l’horizon pour l’autre, revient à saisir une chose qui n’existe pas apparemment “comme ça”, et la fixer sur un support.
Et ce, dans “un jeu permanent de confrontation-fusion entre masse et transparence en perpétuel mouvement et aux transitoires équilibres qu’il engendre” dit Christine Valcke.
lire notre entretien avec le photographe
jean-paul gavard-perret
Christine Valcke & Jacques Mataly, Seuils. Transparences, Librairie Ombres Blanches, Toulouse, du 2 juin au 7 juillet 2022.