Dans une suite de poème en prose d’apparence anodine, Stefano Busellato (professeur de philosophie à l’université, poète, baryton concertiste et traducteur de l’allemand, du français) propose de facto une réflexion sur la réalité, la perception, la mémoire, le temps…
D’une langue concise voire elliptique surgissent des fictions étranges, entre poésie et philosophie.
L’auteur n’a jusqu’ici pas fait paraître le texte dans sa version italienne. Cette traduction de Christophe Mileschi tient donc lieu d’édition originale. L’auteur reste donc un cas particulier dans l’histoire de la poésie. Il se situe à cheval entre l’analyste et le créateur.
Il élimine les silences, mais jamais les regards, les rires, les situations, bref tout ce qui ponctue et colore l’expression des idées sans jamais la polluer.
Le dispositif “scénique” de telles pièces est moins un moyen de mettre de l’ordre qu‘un piège à attraper le hasard, à fixer ces petits détails qui sont, en fait, le tissu même de la pensée.
Ici, l’ennemi n’est pas l’intention car elle permet d’exterminer toute trace d’inattention.
Avec lui se franchit un seuil. On passe de l’endroit où tout se laisse voir vers un espace où tout se perd pour approcher une renaissance incisée de nouveaux contours.
Existe un appel intense à une traversée. Elle offre un profil particulier au temps et à divers concepts.
jean-paul gavard-perret
Stefano Busellato, Sujets sous-entendus, traduction Christophe Mileschi, Héros Limite, Genève, 2022, 128 p. — 18,00 €.