Christophe Arleston et Adrien Floch, Sangre — t.03 : “Hovanne l’irrésolue”

Un retour attendu 

Sangre, toute gamine, a assisté au meurtre de ses parents par des membres du gang des Écu­meurs Cette tra­gé­die l’a trau­ma­tisé à vie. Elle s’est mise à bégayer. Deve­nue adulte, elle se lance alors sur la piste des sept lea­ders du gang pour ven­ger la mort de sa famille. Après avoir tra­qué deux assas­sins, elle se rend à Mi-Ho-Dwigg où Hovanne, ce tueur mas­qué, est iden­ti­fiable par un tatouage de flo­con de neige au creux de la cuisse.
Ce troi­sième tome, d’une série qui doit en comp­ter sept, était très attendu car le pré­cé­dent était paru en sep­tembre 2017.

Mi-Ho-Dwigg est un monde de glace où les habi­ta­tions et les palais sont sculp­tés dans des ice­bergs, dans la ban­quise. Les Dwiggs, qui le peuplent, ont d’étranges prin­cipes de vie et sont insen­sibles à la mor­sure du gel. Dans la cabine san­glée sur un dra­gon, Sangre, assise à côté d’un mar­chand iti­né­rant, s’informe car celui-ci connaît cet uni­vers. Lorsqu’elle évoque un tatouage en forme de flo­con de neige, il fait la rela­tion avec le manoir de Mer­millade, un des plus pres­ti­gieux. Les rési­dents de ce domaine, imbus de leur supé­rio­rité, méprisent tous les autres.
Tou­te­fois Sangre va pou­voir se faire invi­ter dans les lieux, un palais où elle va tom­ber de Cha­rybde en Scylla car.…

L’ima­gi­na­tion de Chris­tophe Arles­ton est éton­nante car elle se renou­velle sans cesse. Il pro­pose, une fois encore, un uni­vers par­ti­cu­liè­re­ment nova­teur, un monde où les popu­la­tions se par­tagent entre des oisifs qui pos­sèdent la capa­cité de résis­ter au froid et les Tran­sis, des domes­tiques engon­cés dans leurs four­rures. Il déve­loppe une société du paraître, du mépris, une société proche de celle que l’on pour­rait côtoyer si l’on se rap­pro­chait des “hautes sphères”.
Outre la des­crip­tion de cet uni­vers, d’une popu­la­tion bien spé­ci­fique, le scé­na­riste conçoit une intrigue fort bien trous­sée qui met l’héroïne dans de fâcheuses situa­tions. De chas­seuse, ne devient-elle pas une proie ? Et elle va aller de sur­prise en sur­prise car appro­cher un si grand secret…

Adrien Floch et Claude Guth assurent un gra­phisme tonique. Le pre­mier place une gale­rie de per­son­nages fort bien typés et offre des décors de belle fac­ture dans ce monde gla­cial. Les mimiques de ces oisifs qui cultivent des atti­tudes guin­dées, tout en rai­deur et en rete­nue, sont superbes et donnent envie de les secouer pour rabais­ser leur morgue. Mais tous ne sont pas ainsi et quelques indi­vi­dus res­tent accep­tables.
Si le des­sin est brillant, les cou­leurs enchantent les décors, le cadre quo­ti­dien et l’éclat des actions. Claude Guth res­ti­tue si bien les teintes des glaces que le froid trans­perce presque les pages.

Une belle intrigue dans un monde nova­teur mis en valeur par un gra­phisme épa­tant, que deman­der de plus ?

serge per­raud

Chris­tophe Arles­ton (scé­na­rio), Adrien Floch (des­sins), Fred Blan­chard (desi­gns), Claude Guth (cou­leurs), Sangre — t.03 : Hovanne l’irrésolue, Soleil, coll. “Fan­tas­tique”, jan­vier 2022, 48 p. – 14,50 €.

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