Sur tes photographies, le sable laisse parfois des grains. La viole de gambe du vent entame le rythme pour te faire danser en libellule. La tête ourlée du membre viril de l’ogre annonça un printemps. Eau lente, battement d’artères. Naquit l’amante.
Grappes de vigne dans ses paumes. Après une aussi longue absence, les corps s’accouplèrent et s’accordèrent à ce que les mots ne font pas. Pelles roulèrent en voiles de gambettes.
Dans tes cauchemars les plus sombres, l’ogre porte peau de bête et gourdin. Il l’eut pour cadeau un vendredi Saint. Tu t’es revue soudain en jupe à l’école. Avec un chemisier ciel uniforme et le diable dans ses ourlets.
Mais tu fouilles les traces du passé et l’impossible en tes photos fait signe : tu l’épouses comme des revenants épousent leurs pas d’avant.
Ce que ton coffre fermait, ta serrure l’ouvre. Tu es allée tout de même porter le petit pot à ta Grand-mère. Au lit sous la coiffe. Cela se nommait museau. “Grandes dents” tu hurlas. Tu les vis dans ton ventre.
Un chasseur te reconnut. Il voulut te marier mais tu savais que les épousailles n’apprennent guère. Et même elles ignorent tout.
Ton incendie couvait. Peu à peu, il dépasse la hauteur des herbes. Ton corps danse ou joue. Tu touches à l’horizon qui brûle. Odeur de cheveux sur tes doigts. Y dansent les étoiles. Un dieu y noua son sexe. Un anneau en tomba.
En Méduse, tu offris tes lèvres troublantes en te dressant buste et bras tendus : à la fin, les Origines du monde.
jean-paul gavard-perret
Vanda Spengler, Origines, éditions de l’Oeil, Montreuil, 2021 — 10,00 €.