Thrillers en plans fixes
Maurice Renoma rejoint la programmation collective de “Morpho Saint-Ouen” pour son exposition finale “MUE”. L’imaginaire de l’artiste se fait toujours l’expression des métamorphoses artistiques.
Ici, Renoma introduit ses créations dans ce lieu et investit la Chapelle, en présentant entre autres sa “Cène Punk” à côté d’autres de ses séries majeures.
En celle-là, il scénarise le concept de surconsommation à du langage hyperréaliste et caustique qui est sa sa marque de fabrique. Une table d’orgie symbolise une vision aussi érotique qu’ apocalyptique.
Rien ne semble pourvoir encore avoir lieu sinon cette aire de décomposition transformée d’une modernité décadente.
Renoma offre en cette “Anti Camera Oscura”, une perspective inhabituelle de vision déformée du monde. Il amplifie ses obsessions sous forme de projections et d’images qui relèvent de songes et pulsions à travers des “fantômes que fantômes” (Becktt) de l’être humain.
Il prouve — si cela était encore nécessaire - que la création est toujours chez lui multiple et aussi poétique que radicale.
La symbiose entre le logique et le mystère, l’homme et son monstre, les femmes et les tueurs, irradie cette exposition où se mêlent la joie et la douleur.
Le photographe remonte des images tel un patrouilleur mais surtout un metteur en scène d’une quasi-dystopie là où ses photos sont des thrillers en plans fixes.
jean-paul gavard-perret
Maurice Renoma, Anti Camera Oscura, pour exposition Mue, Morpho Saint-Ouen, du 8 janvier au 12 février 2022.