Jacques Cauda, Album photos

Portait de l’artiste en Killer

L’âme sombre du majes­tueux Killer s’adapte aux milieux qu’il “sur­fi­gure” en ses laby­rinthes optiques ins­pi­rés de modèles ori­gi­naux. Tout est char­nel sauf par­fois un phal­lus en stuc pour com­plé­ter par le sens de l’allégorie du déri­soire en une cer­taine tri­via­lité moins posi­tive que bien des ouvertures.

Tout regardeur-voyeur navigue entre fami­lia­rité et mystères.

Les minettes sont des lionnes à qui l’imprudent donne la papatte. Plus ques­tion pour lui d’aller se cacher sous un divan comme un sot fat. Son style, son humour, sa cruauté son inimi­tables. Il décrit la vie des animaux-machines qui n’ont rien de car­té­siens.
C’est donc le por­trai­tiste offi­ciel de nos vicis­si­tudes. Trois femmes sur un cous­sin en Damart rouge deviennent les émi­nentes noires pour les visi­teurs au tem­pé­ra­ment bien­tôt trempé dans leur canyon pour qu’ils collent au radeau et grimpent au rideau.

Le Killer ne néglige pas pour autant l’émotion dans ses dra­ma­ti­sa­tions par­ti­cu­lières et cruelles. En qui nous sommes les volts errent à même les trous­seaux tor­sa­dés en de tels adul­tères. Cha­cun a perdu son mètre en de tels aires où les tar­tares en font de belles. De chambre en chambre, sauts et caresses font pous­ser des cris bar­bares qu’une telle pein­ture éructe — imper­ti­nente dans sa nature.

Par effet de sur­face, Cauda déplace les habi­tuels points de fixa­tion sur les­quels l’érotisme s’appuie. La pein­ture devient une matière aussi abs­traite que sen­suelle. Tout y demeure entre clô­ture et pas­sage, exhi­bi­tion et apo­rie. La nudité, le sexe et son trans­port sont ras­sem­blés pour la caresse comme la cru­dité. La peau et la pein­ture res­tent un pas­sage entre rêve et fable.
Rien ne s’achève. Tout s’égare. La Charles-attente ouvre moins à une perte d’équilibre qu’à un autre ver­sant du désir.

Bref, le corps n’appartient qu’à son mys­tère. A son amour peut-être. Car chez le Killer l’amour pré­side au che­min – et il n’existe pas de che­min où il n’y a pas d’amour.
C’est pour­quoi sur ce che­min les pein­tures dressent des horions et aussi des hori­zons poé­tiques. Mais des hori­zons qui répondent à leur nature : à mesure qu’on s’en rap­proche, ils s’éloignent.

jean-paul gavard-perret

Jacques Cauda, Album pho­tos, 2021.

Leave a Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Erotisme

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>