Une humanité sans pathos
Claudio Rizzini privilégie les focales courtes et lumineuses typiques du photojournalisme pour faire pénétrer dans des scènes, quelles que soient les conditions de lumière disponibles.
Ses séries deviennent des histoires d’existences reconnues bien au-delà de Brescia, son lieu d’origine, et elles retracent divers états non seulement de l’Italie mais du monde.
Avec Lacio Drom, il donne à partager la vie des Roms et des Sintis originaires du Nord de l’Inde. Qualifiés avec mépris de gitans, ils ont toujours été soumis à à des discriminations.
Il suffit de penser à la persécution nazie-fasciste et à l’holocauste subi.
Les Sintis sont en Italie depuis le XVe siècle. Aujourd’hui, ils sont environ 120 000 et un petit groupe de 3 000 fidèles appartiennent à la mission évangélique tsigane qui se rend dans les assemblées de Dieu en Italie. “Lacio Drom” (le bon voyage) a amené certaines de ces familles à la périphérie de Brescia.
Au milieu d’un camp caché entre la rivière et la voie ferrée, une église évangélique joue un rôle important dans l’esprit communautaire du groupe. Pour ses membres, l’évangile possède une fonction de rétablissement social, le Christ est demandé pour la protection des familles et son pardon est invoqué.
Le photographe donne à voir la vie quotidienne du groupe, son isolement forcé vécu dans le silence, la dignité, le mystère et la résignation.
Les Sinti mènent une guerre sourde contre les stéréotypes et les préjugés profondément ancrés dans l’imaginaire collectif.
Et Rizzini fait jaillir une humanité sans pathos mais loin de tous “clichés”
jean-paul gavard-perret
Claudio Rizzini, Lazio Drom, 2021, voir le site de l’artiste.