Gwénola Morizur & Camille Benyamina, Montagnes Russes

Un concen­tré d’émotions

Une femme et un jeune gar­çon sont à la fête foraine. Alors qu’elle lui achète une barbe à papa, il dis­pa­raît. Et Aimée émerge du cau­che­mar. Près d’elle, Jean, son mari, la ras­sure et cherche à la conso­ler.
Aimée, dans la salle de bains, veut faire un test de gros­sesse. Jean l’en empêche car des résul­tats doivent arri­ver dans la soi­rée. Ils tentent d’avoir un enfant par la Fécon­da­tion In Vitro.
Aide-maternelle, elle se voit confiée par sa direc­trice une ins­crip­tion car elle doit par­tir et la maman est en retard. C’est ainsi qu’Aimée ren­contre Char­lie venue ins­crire Julio, son troi­sième enfant de mère céli­ba­taire. Char­lie est agi­tée car elle va ren­trer en for­ma­tion pour réa­li­ser son rêve, deve­nir maquilleuse de théâtre.
Or, Julio se révèle un enfant dif­fi­cile qu’Aimée va prendre sous son aile. Mais jusqu’où peut-elle aller, pen­sant aider une Char­lie qui se retrouve dépassée…

Si la PMA, et d’autres thé­ra­pies, est le sujet prin­ci­pal de ce récit, la scé­na­riste aborde nombre de thèmes autour d’histoires de femmes, de couples et de sujets qui sont liés à la mater­nité. Gwé­nola Mori­zur s’est ins­pi­rée, pour le point de départ de son scé­na­rio, d’une his­toire vraie, celle d’un couple qui a essayé long­temps d’avoir un enfant avec tout ce que cela com­porte d’attentes, d’espoirs, de décep­tions et de tris­tesse.
Avec Aimée, elle raconte le par­cours d’une femme qui en est à sa qua­trième ten­ta­tive de FIV et qui va ten­ter une autre méthode por­teuse de nou­veaux espoirs.

C’est aussi la ren­contre avec une autre femme qui, à ses yeux, semble avoir beau­coup de chance car elle fait des enfants presque sans le vou­loir. C’est éga­le­ment le récit d’un couple dont chaque com­po­sante s’interroge et se remet en cause pour le bon­heur de l’autre.
Ce récit est nourri par une foule d’émotions qui vont de l’abattement à l’indignation, de la colère à l’espoir et donne une vision réelle des affres de ce couple.

Le gra­phisme est l’œuvre de Camille Benya­mina, une artiste franco-canadienne qui vit et tra­vaille à Mont­réal. Elle pos­sède une belle palette de créa­ti­vité entre jeux vidéo, illus­tra­tions de livres jeu­nesse et, bien sûr, albums de BD. Son tra­vail sur Les Petites Dis­tances (Cas­ter­man) avait attiré l’attention de Gwé­nola Mori­zur. Celle-ci lui a fait par­ve­nir son scé­na­rio sachant que Camille a besoin d’être tou­chée par l’histoire lorsqu’elle reçoit une pro­po­si­tion de col­la­bo­ra­tion. Et celle-ci l’a séduite.
Avec un style gra­phique syn­thé­tique, des cou­leurs légères et poé­tiques, elle trans­cende le récit, fai­sant vibrer les émo­tions, les sen­ti­ments, qu’elle qu’en soit la nature.

Cet album parle magni­fi­que­ment des femmes, de la mater­nité, du couple et de l’amitié qui peut naître.
Mon­tagnes Russes est un concen­tré d’émotions, un plai­doyer sur un sujet dif­fi­cile, et encore plus dif­fi­cile à vivre pour celles et ceux qui sont dans cette situation.

serge per­raud

Gwé­nola Mori­zur (scé­na­rio) & Camille Benya­mina (des­sin et cou­leur), Mon­tagnes Russes, Édi­tions Bam­boo, label “Grand Angle”, juin 2021, 80 p. – 16,90 €.

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