Le livre de Jean-Claude Goiri peut se lire de deux façons. D’une part, le “il” du texte (ou “je” de son auteur) n’est rien sans l’autre et plus particulièrement sans Elle.
Mais, d’autre part, en poussant cette lecture au plus loin, celui qui revendique sa liberté se retrouve en état de dépendance et d’abdication forcée.
Cela n’enlève rien à ce texte. Bien au contraire.
C’est lorsque l’écriture échappe à son auteur qu’un texte devient encore plus intéressant.
Le pouvoir de la femme (pas n’importe laquelle) est donc autrement supérieur à la force des héroïnes de Bataille. Elle mène le jeu, crée à l’insu du plein gré de ses gréments physiques et affectifs un précipice mental dans lequel “il” est forcément plongé.
Sa nudité (mais pas seulement) est sacrée. Elle possède un savoir aussi héraldique que naturel et une grâce aussi sanctifiante que sexuelle.
Cette séduction appartient plus à l’inconscient qu’au conscient. Non parce qu’une telle femme ” frôle l’abîme et fleure l’interdit” (Breton) mais parce qu’elle rend la vie moins dure.
Dès lors, ce que l’amour promet est de l’ordre de la fête qui impose à l’auteur une complicité tout sauf ascétique.
Qu’importe si le regard que l’auteur porte sur le rapport amoureux le cloue sur une planche.
C’est celle de son salut.
jean-paul gavard-perret
Jean-Claude Goiri, Tectonique de l’aube, éditions Tarmac, Nancy, juillet 2021, 62 p. — 10,00 €.
JPGP ne sait pas procrastiner devant un texte surtout quand ELLE mène un jeu aussi sacré que sexuel .
Addendum . Ne pas oublier le génie de Jean-Claude Goiri .