Les fantômes dans de nouveaux rôles
Avec ce récit où les fantômes peuvent être asservis pour satisfaire des ambitions ou asservis pour satisfaire un besoin de vengeance, Olivier Gay donne un éclairage particulièrement savoureux sur les nécromants.
Dans l’empire Moras, les nécromants contrôlent les fantômes des morts. Ils bravent alors nombre de dangers pour s’approprier les savoirs, les talents, les pouvoirs de mages puissants, de guerriers valeureux.
Morla, accompagnée de son frère Acher et de deux autres nécromants, est à la recherche d’une tombe. Près d’un mausolée, elle réveille Boph-Êt, un mage surpuissant qui s’empare du corps de la jeune femme. Acher s’enfuit pendant que les deux compagnons sont tués. Acher est entouré de trois fantômes, un vieil érudit, un guerrier qui ne sait pas se battre et une danseuse du ventre. Mais, il n’a pas la capacité de s’en faire obéir. Pourtant, il doit retrouver sa sœur et la sauver.
Morla, habitée par Boph-Êt est arrivée à la capitale de l’empire. Elle/il a pris le contrôle de l’école de Magie en attendant de pouvoir se venger des responsables de sa mort, il y a des millénaires.
Acher, dans sa quête, reçoit l’aide Ayu, une guerrière du corps d’élite de la garde. Il lui faut retrouver ceux qui, il y a des millénaires, ont été capables de tuer Boph-Êt alors que ce dernier les recherche pour se venger…
Pour faire vivre son histoire le scénariste met en scène un magnifique antihéros accompagné de fantômes qui ne lui sont pas d’un grand secours. Pourtant, il n’hésite pas, poussé par la force des circonstances, à se lancer dans une quête, tenter de délivrer sa sœur de la mainmise de cette entité affreuse et surpuissante. Mais le scénariste lui apporte un secours bien venu en la personne d’une guerrière chevronnée.
Le scénario de ce premier volet du diptyque se déroule sur deux époques, celle où les protagonistes principaux évoluent et une époque très lointaine pour présenter le mage et les conflits dans lesquels il s’est impliqué et dont il est sorti vaincu.
Olivier Gay fait la part belle aux héroïnes, des femmes fortes chacune à leur manière que ce soit Morla, Ayu ou Montserrat dans un temps lointain.
Les acteurs principaux sont entourés d’une galerie de seconds rôles superbes.
Le ton général est à l’humour même si l’histoire passe par des séquences dramatiques. Olivier Gay privilégie l’humour, que ce soit dans les dialogues truculents entre Archer et ses fantômes ou les fantômes commentant les actions des vivants. Mais il intègre des situations drolatiques du plus bel effet. Cependant, la tension pour la quête d’Ascher reste palpable.
Le dessin est l’œuvre de Tina Valentino qui donne un aspect réaliste à ses personnages même si certains d’entre eux sont moins humains. Les actions nombreuses sont dynamiques et elle propose des combats d’une belle intensité. Mais, elle brosse des décors somptueux, des arrière-plans magnifiques, des vues de villes, de forêts, d’intérieurs qui régalent la vue. La mise en page est éclatée donnant une énergie supplémentaire.
Les couleurs d’Alice Scimia sont à l’avenant du dessin et mettent en valeur les scènes, qu’elles soient intimistes ou de grande ampleur.
Ce premier tome est une belle révélation tant pour l’histoire, le contexte novateur et le ton humoristique que pour un graphisme, dessin et couleur, d’une belle facture.
serge perraud
Olivier Gay (scénario), Tina Valentino (dessin) & Alice Scimia (couleurs), Nécromants – t.01 : Le réveil de l’Archimage, Bamboo, label “Drako”, juin 2021, 48 p. – 14,50 €.