En dépit de son succès en tant que romancier et essayiste, Moravia a toujours regretté de n’avoir été qu’un « poète raté ».
Ce désir déçu l’a entraîné à ne pas publier de poèmes de son vivant.
Néanmoins, Moravia a toujours lu des poètes (Montale, Eliot, Apollinaire, Pasolini, Penna et Elsa Morante). Et il a toujours écrit des poèmes. Cette édition bilingue propose des poèmes écrits dans les années 70 et 80.
Ils explorent des thématiques chères à son univers : ennui, nudité de la vie, désenchantement.
Contrairement au roman, le poème permet de donner à ces thèmes une expression plus intimiste. Le genre devient pour lui une forme de journal.
A côté de cette négativité surgissent des poèmes de l’enchantement.
Ce qu’il nomma ses « comptines » se veulent simples, sans images et squelettiques.
Les vers nombreux sont constitués le plus souvent de deux ou trois mots.
Ce minimalisme et cette nudité entraînent à l’essentiel et à l’écoulement de la vie et de ses choses dans une « zone d’ombre » par celui qui s’estime « immobile/ comme un mort/ bien conservé/ dans/ un bloc/ de glace ».
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jean-paul gavard-perret
Alberto Moravia, L’homme nu et autres poèmes, trad. italien, René de Ceccatty, Flammarion, Paris, 2021, 320 p. – 21,00 €.