Me faisant des poètes et des autres le messager je sais que seules les femmes peuvent sauver le monde. C’est pourquoi, au nom des mâles séants, je salue Les solitaires qui noient le narcisse ascète, Les bretonnes qui se crêpent le chignon, Les bigotes de Bagnères, Celles qui basses de plafond sont hautes de cuisses, Les accroupies voleuses, Les vétérinaires qui ont du chien, Celles dont la fièvre monte à El Paso, Les terrines du chef, Les vénérables de lapins, Celles qui sentent le sable chaud, Les coquettes en fonte, Les chauffeuses et les locomotives, Celles qui vont à confesse, Les poules amen, Les suceuses de roux, Les au nom du fils, Celles qui ont des mouettes sur leur cheminée, Les croupières, Les tricoteuses de points mousses, Les femmes à Dior, Les femmes à Dieu , Les moulantes à café, Les pros du pot, Les équilibristes, Les ecclésiastiques, Les doyennes des comices, Celles dont le rut est un bel canto, Celles au cardan solaire, Les renonculacées, Celles qui en ont jamais assez, Celles qui sur le dos se disent que le crépi du plafond aurait bien besoin d’être repeint, Les dangereuses au ronron hoqueté, Les pilules à mère, Les trempeuses de baguettes, Les veuves de guère, Les ténébreuses, Les inconsolées, Les bergères étoilées, Les revenez-y, Les porteuses de chapeau à voilette, Les aiguilleuses du ciel de lit, Les secondes mains, Les vits goureuses, Celles qui tapent du pied, Celles qui ont une épingle dans leur chignon, Celles qui muent gay, Les Martine à la page, Celles qui vont droit au but Et les tireuses d’élytre, Les travailleuses au noir et les déclarées, Les étroites écluses, Les écorcheuses à vif, Les femmes du boulanger, Celles qui attendent le facteur ou le réparateur de machine à laver, Les anciennes poétesses, Les blanches minettes, Les dames de compagnie des wagon-lits, Les mal réveillées au déshabillé compliqué, Celles qui humblement se penchent, Celles qui montent au rideau, Les femme à lunettes, Les berlinoises éclairées, Les choutes de Bruxelles, Les Mérovingiennes, Les mélopées, Les Branle-bourgeois en concert, les maladroites de bonne volonté, Les complexées, Les entremetteuses qui tirent au flan, Celles qui lèvent l’ancre, Les frileuses, Les fausses fileuses, Celles qui le soir ont la migraine, Les skieuses hors-piste, Les violonistes d’Ingres, Les conjugueuses de vie à l’imparfait du subjonctif, Les bas bleus mais qui les déroulent sur leurs cuisses, Les océanes indiennes, Les immobiles, Les pas si fixes, Celles qui n’ont de gland que celui de leur abat-jour, Les plates tournantes, les Jennifer Lopez, Celles qui ne pratiquent que le samedi soir, Les servantes au grand cœur qui ne sont pas jalouses, Les petites Suisses (en boîtes de six), Les terres cuites, Les potiches, Celles qui se forcent la main, Les décoratrices d’intérieur, Les ouvreuses de fermeture Eclair, Les visiteuses du soir, La Grande chandelle du Ku-Klux-Klan, Lili La Tigresse, Celles qui sont en tresses ou détresses, Les quoi que, Les hôtesses de l’aire des autoroutes, Les peut-être, Celle qui ratent leur train, Celles qui disent ça sera mieux demain, Les patriotes et les griottes, Celles par qui sonnent le glaoui, Les épouses à temps partiel, Celles qui font des vagues dans Vogue, Les lécheuses de frites, Les fausses blondes, Les bâilleuses de fond, Les qui font des manières, Les formalistes et les délicates, Celles qui embrassent les yeux ouverts, Celles dont le beau cou plaît beaucoup, Les fouilleuses ambidextres, Les petites mains, Ma tante et sa voisine, Les masseuses perverses, Les Fanny Ardentes, Celles qui sautent sur l’occasion, Les Catherine de “Mais dis si !”, Les dures de la feuille et les veuves du poignet.
Qu’une fois encore je les salue. Et ce, depuis ma chambre étouffante où les fleurs se fanent même avant de s’ouvrir.
Jean-Paul Gavard-Perret
Ce texte Jean-Paul, est si joliment tourné, que, si tu le permets, je l’enverrai à un bon ami … lecteur assidu qui appréciera !
Cordialement
Pierre V.
Avec plaisir.