Gagner le refuge sublime du vivant
Le roman-poème de Samama est une grande épopée lyrique et romantique là où la poésie est confrontée aux affres et contradictions de notre époque.
Les poussées des phrases traduisent une odyssée d’éros selon de nouvelles données en des croisières rêvées ou légendaires.
Les métaphores fusent par vagues irrépressibles et écume. Le corps est là, prêt à glisser dans des eaux souterraines et des nuits fastueuses. Mais des clartés dévoilées donnent jour à bien des sortilèges.
Il y a là bien des gloria et des hymnes selon des excursions pour accéder au corps aimé, même lorsqu’il rêve sur un balcon cosmique.
L’ensemble de textes renvoie à des “limbes provisoires” propres à séduire ceux qui s’évanouissent à certaines caresses du langage, monté ici en arpèges pour creuser les songes. Bien des noces sont en attente, là où l’auteur multiplie les mutations du corps et où s’échangent des miroirs. Arrivent dans chaque petit chapitre un couronnement paradoxal unique et immédiat, l’onction d’un baptême obligé et l’initiation à une plus haute connaissance dans ce qui tient en partie d’une comédie humaine et amoureuses.
De l’imaginaire créateur jaillissent des métamorphoses . Le “voyeur” trouve là et dans la drôlerie un pouvoir de gravité. Le destin des chairs est régi par des dieux pluriels.
Transite la certitude d’être, indifférente à la mort pour que, bras ouverts, puisse se gagner le refuge sublime du vivant sous divers formes.
Chaque épisode fait apparaître une présence intestine dans un temps “soudain magnifié en dépit des horloges”. S’enfuient les ombres sur l’ordre d’une plénitude que toutes les figurations amorcent. Eros est de toutes ces fêtes.
L’instinct s’anime dans l’attente d’extases là où “chacun rêve de danser sans mémoire”.
Et ce, en espoir d’une quête de noces recommencées. La transfiguration libre ou contrainte de présences en attente d’une sollicitude inattendue est là pour répondre “à l’énigme de leur pouvoir et la raison de leur besoin”. Cela prend un drôle d’air et ne manque jamais de souffle.
La farce pénètre la forêt des songes au sein de présences aussi délictueuses qu’allègres et délicieuses.
jean-paul gavard-perret
Claude-Raphaël Samama, Les chants d’Eros, Editions Baudelaire, 2021, 153 p. — 12,00 €.
Vu.
Merci.
Pouvez rétablir l’orthographe de mon patronyme dans la mention ci-dessus en anglais : Tagged as …
Cordialement