Entre Histoire, polar et fantasy
Le récit porté par une jeune femme brillante dans sa spécialité, fait appel à différentes époques et au mystérieux culte d’Aton développé par un pharaon que l’Histoire qualifie de maudit. En fait, il avait inventé le premier monothéisme de l’Histoire.
Un homme à la réputation sulfureuse, aux motivations obscures, veut s’emparer d’un bijou que la propriétaire actuelle a obtenu de façon peu normale. Autour de ce bijou gravite une belle galerie de protagonistes qui suscitent, dans l’état présent de l’histoire bien des interrogations.
En effet, Stephen Desberg, en scénariste blanchi sous le harnais, possède tous les arcanes d’un récit à suspense. Car, quels sont les liens qui peuvent unir ces bêtes monstrueuses, ce Chevalier Cerf et l’insolite trio ? Comment la jolie voleuse, qui se retrouve propulsée dans cet univers qu’elle ne connaît pas, peut-elle garder son intégrité face à tant de dangers ? L’attention est mobilisée dès les premières planches et le développement est à l’avenant, devenant de plus en plus intrigant.
Certes, le scénariste dévoile quelques réponses… qui appellent autant de nouvelles questions. C’est un beau travail d’orfèvre dans l’art du récit.
Des hordes Shayks mettent à sac les régions françaises les unes après les autres. Celle de Blois est ravagée à son tour ouvrant la voie vers Paris. Maître Worn, en compagnie d’un religieux, contemple avec satisfaction un charnier. Dernier héritier d’une longue lignée, il commande les hordes. Face à ses troupes, il expose sa tactique pour s’emparer de Paris.
C’est là qu’une jeune femme rousse, portant plusieurs noms, s’introduit dans la demeure de Benyamin d’Argonovitch. Elle remarque une statue d’Akhenaton, le pharaon maudit, avant de s’emparer d’un bijou. En rentrant chez elle, elle le trouve avec un homme de main qui la menace d’une arme. Argonovitch l’a contacté, il y a deux jours, pour louer ses services. Il veut un médaillon ancien, égyptien, que porte une femme d’une grande beauté, accompagnée d’un seigneur, d’un colosse. Il a rendez-vous avec eux dans deux jours.
Depuis des remparts, ce trio observe la lutte que mène des hommes d’armes commandés par le Chevalier Cerf. La femme, qui porte le prénom de Lamia, se dirige vers une porte, une porte qu’elle a volée à un homme si dangereux qu’elle craint qu’il la retrouve. À Paris, la Voleuse subtilise le médaillon, mais elle a été repérée et une poursuite s’engage…
Le graphisme de Yannick Corboz offre des planches ouvertes, à la mise en page dynamique telle cette mise en images des nombreux combats, poursuites et actions musclées. Les personnages sont vite identifiables et d’une belle adaptation à leur rôle. Ainsi, la Voleuse est tout en finesse, en légèreté, capable de s’introduire dans lieux bien défendus et de défier tous les systèmes de sécurité.
Avec une intrigue qui enchevêtre religion antique mâtinée de maléfices, polar, fantasy, le tout servi par une héroïne intrépide, un trio prêt à tout, des monstruosités combattues par un Preux, Stephen Desberg livre un récit fort réjouissant à suivre pour sa richesse en péripéties.
serge perraud
Stephen Desberg (scénario) & Yannick Corboz (dessin et couleurs), Les Rivières du passé – t.01 : La Voleuse, éditions Daniel Maghen, février 2021, 72 p. – 16,00 €.