Jean Azarel est un sexagénaire des plus verts. Venu au monde « dans l’octobre blond du Saint Laurent », il aime dériver en littérature. Observateur du monde dans ce qu’il a d’humain et d’inhumain, il puise ses thèmes dans le quotidien et parfois sur les pentes granitiques du Mont Lozère où se côtoient prosélytisme de la différence, souvenirs-souvenirs, et énergie baroque.
Ici, les pentes sont d’une autre nature. Même au mont Athos font place des successions de monts de Vénus. Et pour chanter les transports, sinon amoureux du moins sexuels, l’auteur change de nom. Devenu Jade Raleza, face aux érudits les lettres canoniques avides de lois saliques et autres bulles papales, il (ou elle) impose ses voyages au long cours d’alcôves en dix nouvelles pour mettre à nu de manière juteuse “les ressorts de l’orgasme dans notre société contemporaine”.
Ses héroïnes n’en sont pas avares. Une professeur d’anglais “nettoie le reste d’enfance enfouie dans la toison” d’une jeune fille tout en fleurs et en fruit. Son noyau est “sans commune mesure avec celui de la cerise”.
Il est plus vivant et plus souple. S’ensuivent des jeux qu’il faut savoir ralentir.
Les textes sont parfois un peu trop discursifs et demanderaient à être resserrés afin d’éviter les explications et laisser libre court à la poésie libidinale. Mais les jeux dits interdits se multiplient selon diverses situations. Et même le bien nommé Sergent Burlat ne crache par sur la cerise citée plus haut.
Il y a là bien sûr des connivences avec l’expérience de notre Kerouac des dessous chics mais tout autant des retours vers le Divin Marquis, Charles Duits, Joyce Mansour, Robbe-Grillet et son épouse là où, dans des pubis poivre et sel, de vieux étendards sont parfois en berne. Mais qu’à cela ne tienne — et c’est le cas de dire. Les douillets délits ne sont souvent que retardés.
Car les corsages s’agitent et ont vite fait de tomber sur le sol dans une atmosphère plus libertine que libertaire car son temps est passé.
Certes, Jade Raleza s’en souvient là où il ne sert à rien d’assurer ses arrières. Il s’y fait parfois des placements plutôt chevaleresques.
Si bien qu’à celles ou ceux qui manquent d’imagination ou d’imagerie sexuelle le livre donnera bien des marches à suivre en des coopérations à multiples actionnaires.
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jean-paul gavard-perret
Jade Raleza, Sea, Sex, and Dark, Z4 éditions, coll. La Bleu-Turquin,février 2017, 262 p. — 16,00 €.