Michel Dunand, Vincent, plus que de raison

Avalanches de lumière

Michel Dunand réanime la sidé­ra­tion que l’oeuvre de Vincent Van Gogh a ouverte. Loin des expli­ca­tions hasar­deuses, le poète pré­fère, dans un lan­gage de nudité, offrir l’histoire du peintre.
Elle est res­sus­ci­tée par une sobre mémoire, presque aus­tère, mais qui échappe à la gra­vité pour recréer une rela­tion native.

L’auteur anime et éclaire la conti­nuité et les frac­tures d’une vie qui ne peut se réduire à une forme de schi­zo­phré­nie. Elle se révèle un rêve éveillé avec l’intuition vive d’une pré­sence mys­té­rieuse au-delà des limites habi­tuelles de l’expérience humaine.
L’oeuvre du peintre exprime  un scan­dale irra­diant qui jouxte autant le soleil que la nuit.

Et le poète rap­pelle com­ment il fut sorti du tom­beau par le coup de pin­ceau de ce frère capable de rap­pe­ler l’homme aux  extases du monde et des choses spi­ri­tuelles par le mys­tère de son art.
Celui-ci prouve qu’imaginer n’est jamais res­treindre  mais déve­lop­per la fièvre d’une aurore à venir.

Et Michel Dunand n’a qu’un but : agran­dir le royaume de Van Gogh, sou­li­gner l’éclat de celui qui dis­pensa ses feux en per­met­tant d’accéder à une séduc­tion par­ti­cu­lière : celle d’une éter­nelle pré­sence par la puis­sance des formes et des cou­leurs.
Vincent comme Michel Dunand accède en ce sens aux lisières. L’un osa écrire avec l’œil, l’autre des­si­ner son uni­vers avec des mots.

A la magie de l’un répond celle de l’autre. Ce der­nier rap­pelle qu’ “Avec Van Gogh / en lui, / la nuit n’est pas que belle. / Elle est bonne. : Humaine / à cra­quer“
Jusque là, la pein­ture igno­rait cer­taines ava­lanches de lumière. Van Gogh la trans­forma en Ascen­sion incar­née, en braises renais­santes. Ces allées pul­sives, ces liber­tés impul­sives, Dunand les com­prend comme il “entend” l’homme sans s’en emparer.

Son oeuvre est deve­nue ce que l’auteur rap­pelle : la pierre vivante et l’image par excel­lence de la sur-vivance.  Le tout dans la soli­tude à deux.
Van Gogh la vécut avec, par et pour la pein­ture. Que les iris soient têtes en bas importe peu : “le beau va jusqu’à lécher la table”.

Quant au bleu de l’artiste, il fait entendre une nuit qui pal­pite, une nuit éclai­rante.
Le vent, le vent, le vent.

jean-paul gavard-perret

Michel Dunand, Vincent, plus que de rai­son, Coup de Soleil, Annecy, décembre 2020, 40 p.

2 Comments

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Poésie

2 Responses to Michel Dunand, Vincent, plus que de raison

  1. Anne Marie Carreira

    Magni­fique ava­lanche de mots !

  2. Villeneuve

    JPGP mara­bouté par Van Gogh tor­turé entre lumi­no­sité et nuit belle à cra­quer offre ici un texte digne de ” L’Avalée ” sans oublier le talent de Michel Dunand qui publie une his­toire res­sus­ci­tée du peintre en Ascen­sion incarnée .

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