Les chants orphiques d’Esther Tellermann permettent de passer en diverses tonalités : du soupir à une ample symphonie du monde et de l’intime pour tenter de recoudre les blessures qui, malgré tout, suintent encore — d’autant qu’elles ne sont pas individuelles mais générales.
Et c’est à la suite de plusieurs visites dans l’atelier du peintre Garache, que la poétesse a entrepris une remontée vers les origines pour faire surgir de quoi est fait l’humain.
“Des époques tissées sous le sommeil des hommes” retrouvent là leur réincarnation et leurs charges au nom d’une sororité envers toutes les femmes.
Leur corps est là, terrestre et ailé. Habité surtout de l’ici-même et de toute l’Histoire. Sensible à la beauté, et évoquant le geste de Garache, la poétesse comprend ce que l’oeuvre entend de présence et d’absence.
Les deux créateurs poussent plus loin cet état dual entre les richesses des îles et leurs ors mais aussi les églantiers avant de revenir au corps.
Esther Tellermann comme Garache n’ignorent en rien la sensorialité de ses reins, cuisses, seins, nuques. Bref, le corps est la vie. Il s’ouvre et se donne avec une force rare et un érotisme qui dépasse ce que ce mot entend “normalement”.
Mais la poétesse lui donne une intensité jusque dans ses blessures et ses diverses brûlures.
jean-paul gavard-perret
Esther Tellermann, Corps rassemblé, Vignette de couverture de Claude Garache, Editions Unes, Nice, 020, 128 p. — 21,00 €.