Il existe dans l’oeuvre de Voelin une extraordinaire beauté marmoréenne :
“Visage sous le masque — tombe de calcaire où vient battre le lumière criblée
L’amour impur te cherche dans les ruines”,
preuve que la poésie ne se tient pas hors du “claptrap” (James McNeil Whisler) et refuse l’art pour l’art. Le goût de la ruine n’est là que pour souligner les émotions et devient en quelque sorte le stimulant de la vie.
S’émet la stimulation des “copeaux clairs” du silence pour dire l’amour dans “le souffle de forêts” et “Le long d’un arbre aux genoux moisis où circulent les grimpereaux”.
Tout est de l’ordre de la précision pour questionner les ombres et le monde en ses frondaisons comme des “tas de pierres bises”.
Méditations et rêves communiquent dans “les bois calmés” comme “là où se ferment les ruchers”.
Les descriptions sont là pour résoudre l’énigme du coeur avec certes “des mots de la terre familière” mais que l’auteur choisit avec une extrême précision pour survivre à la pénombre des deuils.
Restent des vols de cendre au milieu de la neige et son “abondance de cristaux” quand le sexe de la femme s’offre à la nuit pour une extase et afin que, pour un temps, la marche s’interrompe.
Ainsi, après les deux livres publiés en 2017 chez le même éditeur, Voelin transforme un paysage minimaliste et champêtre en un retour au pays natal. Il donne là toute la puissance d’une écriture rare et trop effacée du paysage poétique.
jean-paul gavard-perret
Pierre Voélin, Arches du vent & Les bois calmés (dessins d’Alexandre Hollan), Fata Morgana Editions, Fontfoide le Haut, 64 p. et 80 p., 2020.