Les rendez-vous d’Ettore Molinario
“Collectionner est ma façon de faire de l’art” dit Ettore Molinario qui développe une des galeries de photographies les plus géniales qui soient. Elle suit l’évolution des goûts et de l’état psychique (sentiments, mélancolies, euphories, dépressions) — du collectionneur : “Cette évolution de l’identité du collectionneur représente l’épine dorsale et le “système nerveux” de ma collection”, écrit-il.
Tel un Aby Warburg d’un nouveau genre, le Milanais — économiste, historien d’art et collectionneur — montre par ses images retenues sa manière particulière de choisir voire — dit-il car il n’est pas dupe de lui-même — “de multiplier le processus de projection narcissique elle-même”. Existe chez Molinario le désir de posséder une œuvre d’art réglée par un double mouvement : du collectionneur-rassembleur vers l’objet et celle de l’objet vers le premier. Les photographies peu à peu se synchronisent en un ensemble en extension.
La collection explore l’Identité de Genre dans un jeu d’Eros et de Thanatos. Ces deux postulations contradictoires conduisent à une sublimation des deux pulsions. Surgit une approche inattendue qui se démarque du dualisme masculin-féminin dans des oeuvres où les tabous sociaux et sexuels s’effacent selon des processus de remplacement et de déplacement, qui se concentrent sur un substitut de l’objet de désir.
Molinario cherche dans ses acquisitions l’inquiétant qui dérange et qui permet à ce qui était caché et enterré de réapparaître. Le mystère et l’énigme de la collection créent une relation “bi-univoque où les masques s’attirent et décident de cristalliser cette relation” écrit le collectionneur. L’acquisition et la possession deviennent une relation vivante et résonnante entre des masques et leur dimension sublime que propose les photographies retenues.
jean-paul gavard-perret
Collezione Ettore Molinario, http://collezionemolinario.com/en/, Milano.