Une période marquée par une vitalité créative
Quand débute la fin du Moyen Âge, ce Moyen Âge dénommé tardif ? Quels événements ont précipité ce changement, quels personnages en ont été les acteurs ?
Joël Blanchard fait débuter cette fin avec le couronnement de Philippe de Valois, sous le nom de Philippe VI. Il est le premier à succéder aux Capétiens qui, en douze règnes et plus de trois siècles, avaient structuré, construit, agrandi le domaine royal.
Mais le contexte politique est difficile et les premiers souverains ne vont pas le rendre meilleur. Lorsque Charles IV, troisième et dernier fils de Philippe le Bel meurt sans héritier mâle, Philippe est nommé régent dans l’attente de l’accouchement de l’épouse du roi défunt. Elle met au monde une fille. Parce qu’il est un cousin germain des trois derniers rois, Les grands du royaume le désignent comme monarque. Cependant, Edward III, le roi d’Angleterre est le petit-fils de Philippe le Bel par sa mère. Celui-ci ne se manifeste pas, ayant de gros problèmes dans son royaume. Mais, quelques années plus tard, il va revendiquer cette couronne. C’est le début de cette série de conflits réunis par les historiens sous l’appellation de la Guerre de Cent ans.
C’est dans ce cadre, ce début catastrophique, que les premiers Valois, Philippe VI, Jean le Bon, Charles V vont se succéder de 1380 à 1422. Mais, avec Charles VI, une reconstruction s’engage avec plus ou moins d’aléas jusqu’à la mort de Louis XII sans héritier et le sacre de François Ier. C’est alors que s’installe la période dite de la Renaissance.
Joël Blanchard détaille des temps de crises, qu’elles soient économiques, politiques et diplomatiques avec les guerres endémiques, crises démographiques avec les épidémies, la grande peste… Il organise son ouvrage et son propos selon deux grands thèmes. Il s’appuie sur un déroulement chronologique pour exposer les évolutions qui ont amené cette fin de période et une analyse thématique selon quatre éclairages qui traitent de la politique, de la sémiotique, de l’anthropologie et du juridique.
Il explique cette période haute en couleurs, marquée par des rivalités entre prince de sang, les rebellions contre l’impôt. Bien que traversée par des troubles, des violences, cette période a été celle de débats, de querelles intellectuelles et religieuses, a vu un réel bouillonnement d’idées.
Après un chapitre consacré à ce que l’auteur dénomme Les temps forts, ces moments cruciaux du début de la dynastie, il détaille le temps de l’engagement à travers l’écriture, le débat, le roman, la poésie et l’évolution de ces signes, des vocables et de la façon de les exprimer. Il aborde le rôle du guerrier, de la chevalerie et son rapport au mystique, l’enfermement identitaire. Il interroge enfin sur le droit, sur le pouvoir, sur la légitimité politique, la notion de sang royal, les armes de la suggestion, le concept de lèse-majesté…
Puisant aux sources littéraires les plus pertinentes, l’essayiste appuie son analyse sur les textes des témoins et acteurs de l’époque pour un véritable éclairage des faits et gestes des protagonistes sous cette dynastie qui a amené une période en mutation vers une série de réformes fondamentales.
L’historien démontre que ce siècle et demi a été marqué par une vitalité créative, par une profusion de textes tant législatifs que littéraires ou prophétiques.
Avec La fin du Moyen Âge, Joël Blanchard propose un ouvrage original, détaillé, appuyé sur une vaste documentation, présenté de façon claire et structurée, explicitant, entre autres, les crises politiques, leurs ressorts, leur origine et leur sens.
serge perraud
Joël Blanchard, La fin du Moyen Âge, Perrin, Janvier 2020, 352 p. – 24,00 €.