Munuera, Zorglub – t.03 : “Lady Z”

Une femme d’exception 

Zorglub et sa fille Zen­dra sont à Mem­phis, dans le Ten­nes­see, pour visi­ter la villa-musée d’Elvis Pres­ley. Si Zan­dra, fan incon­di­tion­nelle du King, est aux anges, son père est là pour le tra­vail, en repé­rage près du sar­co­phage où repose le corps. La nuit venue, Zor­glub est dans les égouts, pas­sage per­met­tant d’éviter tous les sys­tèmes d’alarme pro­té­geant la tombe d’Elvis. Il est chaussé de bottes à réac­tion qui lui per­mettent de se dépla­cer rapi­de­ment. Mais c’est quand il veut s’arrêter qu’il s’aperçoit qu’il a oublié de les doter d’un sys­tème de frei­nage. C’est donc en catas­trophe et dans la confu­sion la plus totale qu’il par­vient à s’emparer d’une par­tie de la dépouille du roi du rock et à s’enfuir.
On le retrouve quelques temps après à Mos­cou où il vend un clone de Pres­ley à un mil­liar­daire russe qui vou­lait son propre Elvis pour lui tout seul. Zor­glub se dépêche de se faire payer et de s’en aller car la durée d’existence du clone est faible. Très vite, celui-ci se trans­forme en purée. Dans leur rési­dence, Zan­dra découvre avec stu­peur que son père a donné vie à une ving­taine de Zor­glub et… à une dame, issue de la part fémi­nine du génie malé­fique. Or, cette part fémi­nine est tout sauf… docile !
Et le mil­liar­daire russe peau­fine sa vengeance…

Si Fran­quin et Greg, les créa­teurs en 1959 de ce savant malé­fique, l’avaient déjà habi­tué à des échecs suc­ces­sifs face à Spi­rou et Fan­ta­sio, José Luis Munuera le pro­pulse dans les pires catas­trophes. Il prend, cepen­dant, le soin de le sor­tir indemne des fâcheuses situa­tions où il le place. Avec une inven­ti­vité remar­quable, Munuera concocte des péri­pé­ties toutes plus cocasses les unes que les autres.
Outre son rang de génie du mal qu’il doit tenir, Zor­glub à une fille à éle­ver et dans cet album, il est confronté à une femme. Fai­sant feu de toutes les pos­si­bi­li­tés scé­na­ris­tiques rela­tives aux rap­ports entre les femmes et les hommes, l’auteur décon­certe le ter­rible inven­teur, l’amenant à des actes que ce der­nier n’aurait jamais ima­giné réa­li­ser, comme un voyage à Venise et une balade en gon­dole. Mais rien ne s’est passe comme pour les autres couples et le séjour se déroule dans une suc­ces­sion de com­bats, de fuites échevelées…

Toute­fois, mal­gré tous les défauts dont le pare son nou­vel ani­ma­teur, celui-ci ne le fait-il pas mal­adroit, méchant, miso­gyne, égo­cen­trique… on ne peut s’empêcher d’éprouver une cer­taine empa­thie à son endroit tant il est désar­mant. Le scé­na­riste uti­lise tous les registres de l’humour et ne se prive pas d’en gar­nir dia­logues et situa­tions.
Le des­sin tonique, dyna­mique, digne de tous les super­la­tifs rela­tifs à éner­gique, se place entre cari­ca­ture et réa­lisme. L’auteur donne une série de Pres­ley fort bien réus­sie. Sur un dépliant de quatre pages il montre tout son talent avec un défer­le­ment de dino­saures pour­sui­vant des King.

Avec Zor­glub, Munuera pro­pose une série jubi­la­toire au pos­sible, met­tant une ima­gi­na­tion débor­dante dans les scé­na­rii et le gra­phisme.
Un qua­trième tome ayant pour titre Le der­nier des Z est annoncé. On l’attend avec intérêt.

serge per­raud

Munuera (scé­na­rio et des­sin), tra­duit de l’espagnol par Anne-Marie Ruiz, Sedyas (cou­leurs), Zor­glub – t.03 : Lady Z, Dupuis, sep­tembre 2019, 64 p. – 10,95 €.

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