Zorglub et sa fille Zendra sont à Memphis, dans le Tennessee, pour visiter la villa-musée d’Elvis Presley. Si Zandra, fan inconditionnelle du King, est aux anges, son père est là pour le travail, en repérage près du sarcophage où repose le corps. La nuit venue, Zorglub est dans les égouts, passage permettant d’éviter tous les systèmes d’alarme protégeant la tombe d’Elvis. Il est chaussé de bottes à réaction qui lui permettent de se déplacer rapidement. Mais c’est quand il veut s’arrêter qu’il s’aperçoit qu’il a oublié de les doter d’un système de freinage. C’est donc en catastrophe et dans la confusion la plus totale qu’il parvient à s’emparer d’une partie de la dépouille du roi du rock et à s’enfuir.
On le retrouve quelques temps après à Moscou où il vend un clone de Presley à un milliardaire russe qui voulait son propre Elvis pour lui tout seul. Zorglub se dépêche de se faire payer et de s’en aller car la durée d’existence du clone est faible. Très vite, celui-ci se transforme en purée. Dans leur résidence, Zandra découvre avec stupeur que son père a donné vie à une vingtaine de Zorglub et… à une dame, issue de la part féminine du génie maléfique. Or, cette part féminine est tout sauf… docile !
Et le milliardaire russe peaufine sa vengeance…
Si Franquin et Greg, les créateurs en 1959 de ce savant maléfique, l’avaient déjà habitué à des échecs successifs face à Spirou et Fantasio, José Luis Munuera le propulse dans les pires catastrophes. Il prend, cependant, le soin de le sortir indemne des fâcheuses situations où il le place. Avec une inventivité remarquable, Munuera concocte des péripéties toutes plus cocasses les unes que les autres.
Outre son rang de génie du mal qu’il doit tenir, Zorglub à une fille à élever et dans cet album, il est confronté à une femme. Faisant feu de toutes les possibilités scénaristiques relatives aux rapports entre les femmes et les hommes, l’auteur déconcerte le terrible inventeur, l’amenant à des actes que ce dernier n’aurait jamais imaginé réaliser, comme un voyage à Venise et une balade en gondole. Mais rien ne s’est passe comme pour les autres couples et le séjour se déroule dans une succession de combats, de fuites échevelées…
Toutefois, malgré tous les défauts dont le pare son nouvel animateur, celui-ci ne le fait-il pas maladroit, méchant, misogyne, égocentrique… on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine empathie à son endroit tant il est désarmant. Le scénariste utilise tous les registres de l’humour et ne se prive pas d’en garnir dialogues et situations.
Le dessin tonique, dynamique, digne de tous les superlatifs relatifs à énergique, se place entre caricature et réalisme. L’auteur donne une série de Presley fort bien réussie. Sur un dépliant de quatre pages il montre tout son talent avec un déferlement de dinosaures poursuivant des King.
Avec Zorglub, Munuera propose une série jubilatoire au possible, mettant une imagination débordante dans les scénarii et le graphisme.
Un quatrième tome ayant pour titre Le dernier des Z est annoncé. On l’attend avec intérêt.
serge perraud
Munuera (scénario et dessin), traduit de l’espagnol par Anne-Marie Ruiz, Sedyas (couleurs), Zorglub – t.03 : Lady Z, Dupuis, septembre 2019, 64 p. – 10,95 €.