Remède aux neurasthénies chroniques
Que faut-il à “Une fille terne, /Aux cent cernes” que ces moments où le deux ne fait qu’un ? A “l’ombre” d’images empruntées à diverses images, Elya Verdal par sa poésie porte devant l’étonnement du Mystère.c
Ni celui de la terre, ni celui du ciel : celui de “l’entre deux”. La poétesse a découvert la façon de sortir de l’être perdu et de mettre à nu la présence de l’eros par son art qui est action fondatrice.
Elle se définit par un rythme. Elya Verdal le produit par les mots — en adresse à l’autre — avec lequel, pour un temps, elle se laisse emporter. C’est un principe de mouvement : “Laisse-moi / Te faire en moi raidir, / Te faire aussi languir”. Et d’ajouter : “J’ai bien des choses à te dire / Et d’autres à te montrer”.
Suspendus au-dessus du vide, accrochés à une étoile, les corps se parfument de leurs vibrations chaudes et denses. La femme devient “Fougueuse et Reine” avec celui qui est bien plus qu’un simple valet de coeur ou un joker.
Certes, les amants sont parfois aussi fêlés que l’oiseau de Braque ou que le chapeau de Magritte (Elya Verdal est belge…). Mais c’est pour garder la stupéfaction de leur songe.
D’autant qu’à à trop broyer du noir, cela finit pas donner le bourdon. Au goudronnement, il faut préférer l’inondation.
Les corps s’infiltrent, ouvrent l’aptéryx. Le vert galant est de mise. Et, quand à Grasse comme ailleurs, les corps (re)fleurissent ils en profitent pour faire l’amour qdans une incomparable senteur de rose ou de nougatine subtile.
Ils n’ont rien d’étouffe-chrétiens. Couvreurs d’eux-mêmes, ils sont autant étamines que pistils et sont le meilleur remède aux neurasthénies chroniques.
jean-paul gavard-perret
Elya Verdal, L’Erotisme est ailleurs, Performance poétique, Festival de Grasse, le 26 juillet 2019.
Rap de mots collé aux sucre de l’éros?