Ce livre de bibliophilie est exceptionnel. Tant par sa conception, ses images, ses textes que leurs scénographies. Marie Bauthias y exprime ses préoccupations esthétiques et existentielles fondamentales. Sachant que le “je”, pour elle, est haïssable, sa création creuse la profondeur de ses strates en pièces rapportées et en éléments de base d’objets propices à divers types d’inscription et d’impression.
Les matériaux utilisés proviennent tous de récupération, de fouille, de cueillette, d’héritage. Ils ont donc une mémoire. Mais Marie Bauihias leur accorde un autre vie. Et, par leur montage, elle donne un autre cycle à la pensée.
Elle se matérialise donc ici au sein de la matière et ses formes. L’artiste les organise dans un esprit parfois Bauhaus en partant du grand vide du support. Méticuleuse et hypersensible, Marie Bauthias crée dans chaque “pièce” un mouvement qui dépend d’une liaison entre les éléments agencés. Paradoxalement, ces “voies” et “parois” deviennent la visualisation d’une voix des profondeurs. Et c’est bien en cela qu’un tel livre est remarquable.
Ses mouvements cadencés, décomposés par des indivisibles nets créent des rythmes vitaux que soulignent les brèves “laisses” écrites par l’artiste.
jean-paul gavard-perret
Marie Bauthias, Par(v)oi(e) de distraction(s), Editions Dumerchez, 2019.
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